Je crée des installations qui sont immersives, qui génèrent un rapport au mouvement, au corps, aux déplacements, et un rapport à la narration. Les deux sont imbriqués. Il y a une forte tendance dans mon travail à aller vers des atmosphères qui rappellent la science-fiction. Et ça m'intéresse comme façon de générer des signes, des codes qu'on connaît, qu'on a déjà vu quelque part. Et puis ce mobile qui parle d'un accident, sorte d'accident figé. Ce qui compte c'est l'image mentale, l'image qui peut nous rester de l'idée de l'accident spatial. Ce qui m'a vraiment intéressée dans ce thème, c'est que je ne connaissais pas du tout cette problématique, je ne savais même pas qu'il y avait une poubelle orbitale autour de la planète. Surtout ce qui m'a frappée, c'est comment, alors que sur Terre la question du traitement des déchets est vraiment un problème sociétal dont on connaît l'existence depuis des années, et pour lequel on a une certaine sensibilité, comment est-ce que la question de la pollution spatiale est en fait très très peu connue du grand public. Le sujet sociologiquement est hyper intéressant et plastiquement en voyant les premières images des débris spatiaux autour de la Terre j'ai trouvé tout de suite qu'il y avait une qualité extrêmement plastique de l'accumulation de ces objets du point de vue du volume comme de la lumière. Ce paradoxe entre quelque chose de très inquiétant, et en plus inconnu, et cette beauté m'a énormément plu, il y a une espèce d'ambiguïté la dedans que je trouvais très belle. J'ai fait des études aux arts décoratifs et aux beaux-arts et j'ai commencé à travailler le dessin. Ensuite j'ai continué à explorer cette pratique en travaillant avec des chorégraphes. En fait très vite j'ai enrichi mon vocabulaire de questions liées à la lumière, aux déplacements et ça, c'est très présent maintenant dans mon travail. Ce sont des environnements qui s'expérimentent physiquement. Ce que je vais créer ce n’est pas forcément pour alerter mais c'est plutôt pour générer une atmosphère, générer une expérience qui va amener à se questionner. C'est vrai que moi ça m'intéresse de me dire « mais pourquoi est-ce qu'on a toujours cette envie de conquérir de nouveaux espaces et comment on le fait ? » Et en fait qu’est-ce que ça génère comme problématique maintenant ?
Réalisation :
Yseult Berger
Production :
Universcience
Année de production :
2017
Durée :
4min04
Accessibilité :
sous-titres français