Pompéi, en Italie : l'un des sites archéologiques les plus importants d'Europe. Lui, c'est Spot. Un gardien dernière génération, redouté par tous les voleurs. Équipé d'une caméra et de capteurs, ce robot chien inspecte les allées de fond en comble, de jour comme de nuit. Avec lui, ce drone capable de réaliser des scans des ruines en 3D. Ici comme ailleurs, la sécurité est une priorité face à un fléau en augmentation : le pillage archéologique. La France n'échappe pas au phénomène. À Marseille, le musée historique de la ville dévoile des œuvres pour le moins surprenantes. Toutes sont quasiment sous scellés. Elles n'ont jamais été présentées au public. Pillées aux quatre coins de l'Europe, ce sont des biens réquisitionnés par les autorités.
- Elles se retrouvent aujourd'hui dans des réserves : celles des services régionaux de l'archéologie, celles des douanes, celles de la gendarmerie. La période chronologique est excessivement large puisque vous avez dans cette exposition des silex préhistoriques qui cohabitent avec des cadrans d'armes de la Seconde Guerre mondiale.
Ici, le résultat d'une saisie record : 120 objets en bronze découverts en 2007 chez un particulier en Moselle. Après les armes et les stupéfiants, le pillage archéologique est aujourd'hui le troisième trafic le plus important dans le monde. Vide-greniers, sites en ligne : les biens y sont échangés très facilement. En France, 10 millions d'objets seraient pillés chaque année. Une activité qui a démarré avec l'apparition d'un outil : le détecteur de métal.
- Cet outil est un outil militaire à l'origine, qui a été inventé pour repérer les obus sur les champs de bataille, pour repérer les mines, et puis qui a été détourné de sa fonction primaire par notamment les personnes en quête de trésors.
Tintin, Indiana Jones ou encore Lara Croft : ces aventuriers en quête de trésors ont inspiré toute une génération. Problème : lorsqu'une œuvre est pillée, elle n'a plus de valeur scientifique aux yeux des archéologues.
- Un objet qui a été saisi brutalement et arraché de son contexte de fouille a perdu sa géographie, a perdu son histoire, a perdu l'écosystème dans lequel il s'est trouvé. Et du coup, c'est un objet qui n'a pas d'autre valeur qu'une page d'un livre arrachée brutalement et qu'on vous remettrait. Le message qu'on fait passer, c'est qu'aussi sympathique soit elle, cette activité est illicite et on explique pourquoi.
Piller est en effet considéré comme un délit. Pourtant, les détectoristes seraient plus de 120 000 aujourd'hui. Leur profil type : des hommes de la quarantaine de tous milieux sociaux qui agissent en toute illégalité.
- On peut acheter librement un détecteur de métaux. C'est l'emploi qui est réglementé. Or, ceux qui l'utilisent prétendent faire de la détection de loisir. C'est une expression couramment utilisée sur les réseaux sociaux, mais qui n'a aucune force de loi. La preuve est que lorsque ces personnes se retrouvent devant un juge, un tribunal, elles sont condamnées.
Des délinquants traqués par les autorités. Raja Benoist est gendarme en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce matin-là, il patrouille sur l'un des 36 000 sites archéologiques de la région. À première vue, cette ancienne ferme-grenier est totalement déserte. Et pourtant, certains indices ne trompent pas.
- Nous allons tout de suite repérer ce qui est le plus simple, le plus facile et le plus évident, à savoir des trous, des trous de recherche pour des objets avec une base métallique. Ensuite, on va regarder d'autres informations, comme par exemple des lieux de passage, des pierres qui ont été retournées, renversées, et qui vont nous permettre d'imaginer l'itinéraire qui a été utilisé par ces pilleurs.
Rien qu'en région PACA, il y aurait plus d'un millier de prospecteurs. Un chiffre en hausse depuis le confinement et l'inflation. En 2018, les gendarmes de la région ont été les premiers en France à se former à l'archéologie. Leur objectif : remonter jusqu'aux pilleurs.
- Les infractions liées au pillage archéologique vont de la simple contravention jusqu'à la commission de délit. Et là, c'est le tribunal. Il y a des amendes fortes qui peuvent aller jusqu'à 30 000, 50 000 €, et des peines de prison, de trois ans à cinq ans de prison.
Ces quatre dernières années, 40 000 objets ont été saisis en PACA. Comme ici, ce sont désormais les gendarmes de tout l'Hexagone qui se forment à l'archéologie.