Ah Paris... Paris ! Ses espaces verts, ses axes dégagés... une ville où il fait si bon respirer ! Vous saviez que la pollution de l'air a drastiquement baissé à Paris en 20 ans ? Ça, c'est la qualité de l'air en 2007... en 2012... en 2017... et en 2024. Des images impressionnantes qui font parler sur les réseaux sociaux. D'un côté, on a ceux qui doutent que ce soit vrai, et de l'autre, on a ceux qui y croient et qui remercient la ville de Paris pour son action. Et d'autres estiment que, si amélioration il y a, elle n'a rien à voir avec les politiques locales mais serait plutôt lié à l'évolution des normes européennes pour les constructeurs automobiles. Alors qu'en est-il vraiment ? Est-ce que la pollution a vraiment baissé à Paris ? Est-ce qu'on respire vraiment mieux ? D'après la Mairie de Paris... oui. Et d'après lui... aussi ! - Les concentrations de particules fines et d'oxyde d'azote ont été divisés par deux en seulement 10 ans. Quand on regarde sur des durées plus longues, on a divisé les niveaux de pollution de l'air aux particules par 4 depuis les années 50. Lui, c'est Antoine Trouche et, s'il le sait, c'est parce qu'il travaille chez Airparif, l'association indépendante qui surveille et analyse la qualité de l'air à Paris et qui a publié ces graphiques. C'est ici qu'on suit la pollution de l'air respirée à Paris, au cœur de l'agglomération, loin des grands axes de circulation et ça, grâce à tous ces capteurs. C'est bien beau tout ça mais, pour savoir ce qui a pu faire baisser la pollution à Paris, il faut déjà savoir ce qui la cause. On a plusieurs polluants : particules fines, oxyde d'azote, ozone, et chacun d'eux vient de différents secteurs. - Quand on regarde pour les oxydes d'azote, la principale source de pollution, c'est le trafic routier, les véhicules thermiques, qui sont, à Paris, responsables de la moitié des émissions d'oxyde d'azote. La seconde principale source d'émission d'oxyde d'azote dans Paris même, ça va être le chauffage au gaz. Quand on regarde pour les particules fines, la principale source d'émission, c'est le chauffage au bois, qui est à l'origine d'à peu près les deux tiers des émissions. ...C'est le chauffage au bois... Vous aussi, vous pensiez que c'était interdit à Paris ? En fait non ! Ce qui est interdit, c'est de s'en servir comme chauffage principal, mais utiliser une cheminée comme appoint, ça, c'est autorisé. - ...suivi ensuite par le transport routier, notamment lié aux combustions dans les moteurs des véhicules, mais aussi à l'abrasion des freins, des pneus, et de la route. On a donc les principaux responsables des polluants qu'on respire, mais ce ne sont pas les seuls. Dans de moindres proportions, on a aussi les chantiers qui créent des particules fines via le sable, le ciment, ou l'abrasion de matériaux. On a les aéroports et les activités industrielles qui vont émettre des oxydes d'azote, en brûlant du charbon, du gaz et du pétrole. Mais on n'a pas que les émissions directes à prendre en compte. On a aussi des réactions chimiques qui vont avoir lieu dans l'atmosphère, - C'est par exemple tout ce qui va être l'usage de peintures, de colles, de solvants qui vont émettre des gaz polluants un peu particuliers - des composés organiques volatiles - qui, derrière, vont se transformer en particules fines. Je sais pas vous mais, moi, ça m'interroge. Comment est-ce qu'on remonte le fil jusqu'à la source ? Comment est-ce qu'on sait d'où viennent les polluants qu'on capte ici ? C'est en sous-sol que ça se joue. Ces machines sont capables d'analyser leur composition chimique mais aussi de compter et classer par taille des particules ultra fines, tellement fines qu'on n'arrivait pas à les repérer dans l'air jusqu'à récemment. - Les sources qui les ont émises vont émettre des particules de taille différentes. Par exemple, des particules de très très petite taille, c'est du transport aérien ou routier. Les particules un peu plus grandes, c'est du chauffage au bois. Et des particules entre 130, 150, 200 nanomètres de diamètre, c'est plutôt de la réaction chimique entre gaz polluants. Donc depuis 10 ans, tous ces polluants baissent et c'est grâce à un ensemble de politiques qui visent à réguler tous les secteurs émetteurs. À l'échelle européenne, ce qui a pu jouer ce sont les normes euro qui interdisent aux constructeurs de vendre des véhicules qui émettent plus qu'une certaine quantité de polluants dans l'air. À l'échelle nationale, on retrouve les normes qui encadrent le chauffage, mais aussi la rénovation énergétique. Pour moins chauffer, tout simplement. Et au local, on s'attaque à l'usage de la voiture. Par exemple, le nombre de kilomètres parcourus en voiture a baissé d'un quart sur les 20 dernières années. Mais est-ce que c'est possible d'estimer précisément la part de responsabilité de chaque politique publique dans la baisse de la pollution de l'air ? - Quand on voit que le nombre de kilomètres parcourus en voiture a baissé, est-ce qu'on lie cela plutôt aux mesures qui ont restreint la circulation automobile, ou aux alternatives, notamment des transports en commun, et des voies de vélo beaucoup plus importantes et mieux sécurisées ? C'est compliqué de lier ça plus particulièrement à l'un ou à l'autre. En fait pour le savoir, il faudrait comparer entre les régions et interroger des gens via des sondages par exemple, pour comprendre ce qui les a motivé à changer de comportement. Mais tout ça, ça demande du temps. En attendant, on connaît les leviers pour diminuer la pollution, comme développer les alternatives aux voitures thermiques pour le transport ou remplacer le chauffage basé sur de la combustion par des pompes à chaleur et des réseaux de chaleur urbains. Et il y a quelques enjeux. On estime que la pollution de l'air est encore à l'origine à Paris d'à peu près un décès sur 10. C'est environ 1700 décès prématurés chaque année. Et c'est encore un nombre important de pathologies respiratoires et cardio-vasculaires, des AVC, des infarctus, des maladies de Parkinson et des cas de démence. Donc tout n'est pas si rose. Bien qu'il y ait une nette amélioration, la pollution de l'air dépasse encore les recommandations de l'OMS. D'ailleurs, les mesures qui limitent les émissions des gaz polluants limitent aussi les émissions des gaz à effet de serre. Un choix gagnant pour la santé publique et pour l'atténuation du changement climatique. 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