Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limites
Paul Éluard
Inutile de se voiler la face.
Il n’y a pas que les ovipares comme les mouches des fruits et les arachnides comme les acariens qui se reproduisent, prolifèrent, et évoluent.
Ces bactéries, ces moisissures et ces levures qui vivent partout autour de nous ont une vie sexuelle.
Elles « font du sexe », comme disent les scientifiques. Et elles le font près de nous, sur nous, souvent même en nous. Pour se faire à cette idée, rien de tel que comprendre le processus.
Commençons doucement avec les bactéries : les bactéries sont des êtres unicellulaires sans noyau. On les appelle pour cela des procaryotes : il n’y a ni mâle, ni femelle. Leur reproduction n’est donc pas sexuée, elles procèdent par division. Une bactérie donne deux bactéries qui donnent chacune deux bactéries et ainsi de suite.
La reproduction des moisissures, en revanche, est tantôt sexuée, tantôt asexuée. Une découverte récente laisse penser que tous les champignons ont les deux possibilités. Pourquoi ? Eh bien, mettons-nous à la place d’une moisissure : pas facile de rencontrer le partenaire idéal quand on ne peut pas bouger...
Heureusement, la nature qui ne pense pas a tout de même pensé à tout. Une solution a émergé.
La moisissure se reproduit en disséminant une grande quantité de spores, qui sont soit sexuées soit asexuées. Pour fabriquer des spores asexuées, elle est toute seul. C’est simple, rapide, efficace, pas la peine de s’encombrer d’un partenaire.
Mais parfois, la reproduction des moisissures est sexuée. Elle se fait alors par un processus plus lent qui permet cependant aux moisissures de s’adapter, et même d’évoluer. Tout ça grâce au brassage des gènes.
Les levures, qui sont des champignons microscopiques unicellulaires, ont également deux façons de se reproduire : l’une est sexuée l’autre asexuée. Quand elles se divisent par bourgeonnement asymétrique, c’est la reproduction par mitose. Mais en cas de besoin, une cellule mère peut produire des cellules de deux sexes différents, ayant chacune la moitié de ses chromosomes. C'est la reproduction par méiose.
Comme les moisissures, dans la nature, les levures de sexe opposé se repèrent grâce au signal chimique des phéromones. C’est leur façon à elles de se draguer. Alors, elles ne font pas la fine bouche, quand elles ont la chance de se repérer, elles s'accouplent toujours. Mais quand deux cellules de sexe opposé sont éloignées l’une de l’autre, elles doivent trouver le moyen de se rejoindre. Elles règlent donc le problème en fabricant chacune une protubérance. C'est beau, c'est malin, c'est l’effet « Shmoo ».
Sous leurs airs innocents, les bactéries, les moisissures et les levures ont donc une vie sexuelle des plus créatives, faite de protubérances, de phéromones, de divisions et de proliférations orgiaques. De quoi en inspirer plus d'un.