Lion, babouin, éléphant de mer. Ces mâles imposants et charismatiques sont emblématiques d’une hypothèse communément admise : chez les mammifères, les mâles sont - évidemment ! - plus grands que les femelles. Or une équipe américaine vient de montrer que cette théorie, vieille de plus d’un siècle, est en réalité souvent fausse. En effet, la théorie du mâle plus imposant se révèle juste dans moins de la moitié des 400 espèces sauvages de mammifères analysées par l’équipe. Très souvent, mâle et femelle sont de la même taille. Chez certaines espèces, même, comme la chauve-souris à nez tubulaire de la péninsule, les femelles sont plus grandes que les mâles. Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe s’est appuyée sur des données récentes de masses corporelles moyennes mais aussi de leur variance. À quel point chaque individu est-il plus petit ou plus grand que la moyenne de son espèce ? Ces données permettent de calculer la fréquence statistique du dimorphisme sexuel et donc de mesurer la réalité de ce phénomène. Alors, comment comprendre la persistance de la théorie des grands mâles durant plus d’un siècle ? Tout d’abord, Darwin et la plupart des biologistes évolutionnistes ont longtemps privilégié la thèse de la compétition entre mâles pour l’accès aux femelles. Ce qui a fortement avantagé une lecture de « taille dominante » au détriment d’autres aspects de la sélection sexuelle. Mais aussi parce que les données sur les poids des mammifères sont souvent incomplètes. En outre, l es études privilégient les espèces charismatiques comme les primates et les phoques, au détriment des rongeurs et des chauves-souris, par exemple, qui représentent pourtant une part beaucoup plus importante des mammifères. Et parmi lesquels les différences de taille corporelle entre les sexes sont beaucoup moins fréquentes. En cassant les idées reçues sur la sélection sexuelle, cette mise au point amène à envisager d'autres scénarios. D’ailleurs, des recherches ont déjà montré que chez certaines espèces, c’était les femelles, et non les mâles, qui devaient rivaliser pour conquérir le partenaire de leurs rêves.
Réalisation :
Anaïs Poncet
Production :
Universcience
Année de production :
2024
Durée :
2min19
Accessibilité :
sous-titres français