700 000
Un webdocumentaire d'Olivier Lassu et Maxime Chillemi
Produit par Drôle de trame, Narratio films, Universcience, Investissements d'avenir, Pictanovo, Lille région image community, et l'Inrap
Avec la participation de TV5MONDE, RMC Découverte, du CNC, de la Fondation Carac, du ministère de la Défense, du Secrétariat général pour l'Administration, de la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, de France Inter et du Centenaire 1914-1918
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
"Roclincourt : le dernier jour du soldat Grenier"
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
-Le paysage a considérablement changé.
Il faut s'imaginer ici un lassis de boyaux, de tranchées, d'abris qui partaient du cœur de Roclincourt en direction du front, qui est à 300 ou 400 mètres d'ici.
On arrive dans le village de Roclincourt.
On se dirige vers la dernière maison du village.
Lors de la construction de cette maison, la découverte d'un corps a été mentionnée par les ouvriers qui creusaient les tranchées de canalisation.
Le service archéologique a recueilli les restes d'un soldat qu'on a retrouvés ici, exactement là où il y a une légère dépression sur le trottoir, qui, à mon avis, marque encore l'emplacement de la tranchée.
Exactement ici.
Dans les effets personnels retrouvés, il y avait le portefeuille et le porte-monnaie.
On espérait, en ouvrant le portefeuille, retrouver quelques indications sur son identité.
Malheureusement, le papier n'était plus lisible.
Dans le porte-monnaie, il y avait une monnaie en or française et surtout son alliance.
On a immédiatement regardé à l'intérieur de l'alliance pour savoir s'il n'y avait pas le nom ou une date de mariage ou quelque chose qui puisse nous aider dans l'identification du corps.
Malheureusement, elle était parfaitement lisse.
Ce n'est qu'avec le nettoyage des disques d'identification qu'on a pu donner un nom pour exhumer Pierre Grenier, porté disparu depuis le 25 septembre 1915.
Narratrice.
-C'est l'image d'un homme encore jeune et souriant.
L'image de Pierre Grenier, alors âgé de 29 ans.
Nous sommes en août 1914.
La guerre est à peine déclarée que Pierre est enrôlé.
59e régiment de la 34e division d'infanterie, matricule 1771.
Confiant en l'avenir, il laisse derrière lui son village de Boulieu-lès-Annonay, en Ardèche, ses parents agriculteurs, son métier de menuisier et sa femme Fernande, enceinte de six mois.
Ultime témoignage de son amour pour elle, les lettres qu'il lui écrit font preuve d'une grande délicatesse, marquée par la volonté manifeste de la préserver et cela jusqu'à sa dernière heure, un matin du 25 septembre 1915.
2 juillet 1915.
Pour annoncer à Fernande qu'il part combattre à Arras, il écrit...
Narrateur.
-"Ma bien chère femme, avant de partir au travail, je t'envoie ces deux mots afin de satisfaire à ton désir et passer un moment avec toi."
Narratrice.
-Désormais père de jumeaux, Pierre et Louis, il contemple souvent leur photo que sa femme a spécialement faite pour lui.
Narrateur.
-"En les regardant ainsi, les bébés ont toujours l'air de plus en plus sages pour moi.
Je ne les entends jamais pleurer.
Néanmoins, j'aimerais mieux les entendre pleurer plutôt que d'entendre le bruit du canon."
Narratrice.
-À Arras, les combats sont très violents, mais là encore, Pierre emploie un ton rassurant.
Narrateur.
-"Nous sommes retranchés dans les ruines des maisons, à 30 ou 40 mètres des boches, mais ils sont bien gentils.
Je crois que ça bardera moins que là où nous étions depuis le 6 mai."
Narratrice.
-Le 24 septembre, la veille de l'offensive majeure de l'Artois, Pierre écrit...
Narrateur.
-"Ma bien chère femme, je suis en bonne santé et vous en souhaite de même ainsi qu'à mes chers parents.
Je pense toujours que Dieu me conservera à ton amour et à l'affection de tous les êtres qui me sont chers afin que bientôt, nous puissions reprendre ensemble notre vie heureuse d'autrefois."
Narratrice.
-C'est l'image d'un homme jeune mais marqué par un an de guerre.
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
-La photo est prise à Arras en septembre 1915 et on voit Pierre Grenier assis, avachi, même.
On voit que cet homme a subi une épreuve de plus d'un an.
Pas de permission, très peu de nouvelles.
Il a fait des centaines de kilomètres à pied entre la Marne, Charleroi et Arras.
On voit le poids de la guerre sur les épaules de ce personnage.
On voit le soldat tel qu'il pouvait être quasiment à la veille de son décès ou de sa disparition.
Le 24 septembre 1915, le 59e régiment d'infanterie était cantonné autour d'Arras.
Les troupes françaises ont commencé à bouger vers minuit, environ.
Le but de ce déplacement de troupes, c'est de venir dans les premières lignes qui sont devant nous.
Il y a environ cinq ou six kilomètres à faire à pied, la nuit.
Pour joindre la première ligne française qui est devant nous, il va devoir traverser le village de Roclincourt.
"Journal de marche du commandant Cabos, 59e régiment, 25 septembre 1915."
Narrateur.
-"Nuit très obscure, temps pluvieux, boyaux boueux qui rendent pénible l'arrivée à Roclincourt par les boyaux du vallon.
À 3 heures, un feu violent d'artillerie ennemie est dirigé sur Roclincourt et dure jusqu'à 4 h."
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
-Résultat, le 59e régiment d'infanterie va être dispersé.
Et Grenier ne va pas prendre le même chemin que ses collègues.
Il prendra un petit boyau d'accès, appelé la tranchée Lesieur.
Narrateur.
-"Les unités qui avaient franchi ce village ont pu gagner leurs emplacements, mais les dernières compagnies ont été forcées de stopper et d'attendre la fin de la rafale."
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
-C'est dans cette tranchée que l'artillerie allemande va faire écrouler une partie de la paroi, et c'est comme ça que le soldat Grenier va disparaître, dans la nuit du 24 au 25 septembre 1915.
Narrateur.
-"Le tir de barrage a complètement bouleversé les boyaux de communication conduisant aux premières lignes.
Malgré les difficultés de circulation souvent à découvert, toutes les unités ont à peu près gagné leurs emplacements à 5 h.
Le dispositif d'attaque est alors en place."
Alain Jacques, directeur du service archéologie d'Arras.
-Évidemment, il ne participera pas à l'assaut du lendemain.
Mais il sera considéré comme étant disparu au cours des combats.
Narratrice.
-Au soir du 25 septembre 1915, dans son journal de marche, le commandant Cabos dresse un terrible tableau faisant état de 566 hommes tués au combat, dont 61 disparus.
Pierre Grenier est l'un d'eux.
Il faudra attendre une décision de justice de 1921 pour qu'il soit officiellement déclaré mort et presque un siècle pour que son corps soit retrouvé.
Il est aujourd'hui inhumé dans le caveau familial.
Auteur et réalisateur : Olivier Lassu
Directeur artistique : Maxime Chillemi
Productrices : Virginie Adoutte et Audrey Ferrarese
Directeur de production : Malik Menaï
Directrice des productions : Claire Lebouteiller
Architecture & Développement Web : FuzzyFrequency – Guillaume Libersat
Développement API Backend : FuzzyFrequency – Olivier Cortes
Cheffe de projet : Sophie Chauvin
Conseiller scientifique : Gilles Prilaux, Inrap
Monteur des films : Cyril Letellier
Chef opérateur image : Olivier Lassu
Images additionnelles : Hervé Glabeck, Jean-Bernard Mercier
Chefs opérateurs son : Samuel Abraham, Florent Blanchard, Nicolas Samarine, Laurent Thirion, Brice Bertrand
Assistants lumière : Xavier-Emmanuel Lesage, sacha Kammermann
Assistant monteur et truqueur : Robin Gaussé
Mixeur : Maxence Ciekawy
Assistant son : Pierre George
Étalonneur : Baptiste Evard
Monteur additionnel : Anthony Verpoort
Assistante de production : Merryl Roche
Administratrice de production : Nathalie Karp
Documentalistes et enquêtrices en Allemagne : Nathalie Rosenblum et Catherine Bihan – Doc’Addict
Prises de vues aériennes : Denis Gliksman
Comédiens voix : Julie Pouillon et Christophe Reymond
Assistante réalisation : Gaëlle Girard
Traductrice : Ruxandra Annonier
Graphiste print : Nolwenn Guény
Stagiaire : Camille Beaudelot
Moyens techniques : Alive Events, Authot, Le Fresnoy, Gorgone Productions, La Grange Numérique, La Prod du Sud, Samedi 14, Studio Collet
Musique originale : Nicolas Devos et Pénélope Michel
Musiques additionnelles : Cezame Music Agency
Archives : Collections Jens Arndt – Collections BDIC – Bundesarchiv Berlin / Transit Film GmbH – Deutsches Pferdemuseum, Verden – ECPAD/France/SCA/réalisateur inconnu/1915-1918 –Adrien Fanget – German Federal Archives, Film Collection/Transit Film GmbH – Bundesarchiv, Abt. Filmarchiv « Ein Kampftag in der Champagne 1917 » - Grimsby Library Local History Collection – The Grimsby Telegraph – Collection Sue Kruk – Huntley Film Archives Ltd – INRAP – IMPERIAL WAR MUSEUMS – IWM CO 2533 / IWM Q 5099 / IWM Q 5098 / IWM Q 913 / IWM Q 5100 – Fonds documentaire Alain Jacques – Service archéologique d’Arras – Jean-Luc Letho-Duclos pour le Service d’archéologie d’Arras et l’INRAP – LCC County Heritage Service, Royal Lincolnshire Regimental Collection – Collection Lobster Films – Collection Éric Marchal – DR / Proscot PR company, Leith, Edinburgh – Fritz Reinhardt / Collection Jean-Pierre Ducreux – Chistoph Runge / Wikipedia Commons – Collection Christian Seelmeyer – Ville de Polle, Allemagne
© Droits réservés
Une coproduction
Drôle de Trame :
Virignie Adoutte, Claire Lebouteiller, Corinne Planchais
Narratio Films :
Audrey Ferrarese, Malik Menaï, Maurice Ribière
INRAP :
Direction du développement culturel et de la communication : Théresia Duvernat, David Raynal
Production audiovisuelle et multimédia : Marine Dubois
Pictanovo :
Dans le cadre du Fonds « Expérience Interactives »
Avec le soutien de la Région Nord-Pas de Calais – Picardie, de la Métropole Européenne de Lille, du Centre National de la Cinématographie et de l’Imagr Animée.
Universcience :
Responsable des programmes : Alain Labouze
Production : Ghislaine Mouton
Avec la participation de l’AMCSTI
Avec le soutien d’Investissements d’Avenir
Avec la participation de :
TV5MONDE www.tv5monde.com
Direction du numérique : Héléne Zemmour, Cécile Quéniart, David Gueye
RMC Découverte
Directrice de l’antenne et des programmes : Guenaëlle Troly
Responsable de l’antenne et des productions : Rodolphe Guignard
Responsable web et partenariat : Pierre Sedze
Centre national du cinéma et de l’image animée
Ministère de la Défense, Secrétariat Général pour l'Administration, Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA)
Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Carac
Remerciements : Jérôme Allard, Pauline Augrain, Anne Charlotte Baudry, Marianne Béarez, Estelle Bénistant, Valérie Chopin, Anaëlle Cormier, Quentin Denimal, Guy Flucher, Philippe Fréville, Véronique Gallien, Pascal Garnotel, Éric Gleizer, Historisches Museum « Domherrenhaus », Verden, Patrick Huard, Frank Lesjean, Mireille Lorant, Antonin Lothe, Nathalie Mamosa, Dominique Massot, Florent Maurin, Ania Mehanni, Olivier Montels, Christophe Parre, Lior Rosenblum, Bruno Smadja – Cross Video Days, Mahaut Tyrell, Gilles Varin, Fréderic Vermeersch, Webprogram festival, Jean-Hervé Yvinec, Christine Zins / Samtgemeinde Bodenwerder-Polle
© Drôle de Trame & Narration Films – Universcience – Inrap – Pictanovo - 2016