Il y fait noir, froid et la pression y est extrême. Ce milieu hostile à l’Homme serait pourtant peuplé par plus de 2 millions d’espèces. Les profondeurs marines sont désormais un peu mieux connues. Et ce, grâce à l’expédition Nepdep. Départ de la côte Pacifique, sur l’île de Vancouver. Le John P Tully prend le large fin mai 2023. Pendant deux semaines, la « Northeast Pacific Deep-sea Expedition » observe trois types d’habitats riches en biodiversité : les monts sous-marins, les cheminées hydrothermales et les suintements froids. Trois habitats créés par le mouvement des plaques tectoniques, notamment dans le Pacifique canadien. Et c’est au niveau du mont Tuzo Wilson, que l’équipage a fait la découverte la plus surprenante. Là, un ancien volcan réputé éteint s’est révélé bien vivant et même en ébullition. Ce n’est pas tout : il est couvert de centaines de milliers d’œufs de raie blanche du Pacifique. Cette espèce abyssale emprunte une longue fissure sur les flancs du volcan pour déposer ses œufs au sommet. Mais pourquoi les raies se donnent-elles autant de peine ? Les scientifiques supposent que ces eaux plus chaudes contribuent à accélérer le temps de gestation, habituellement de 4 ans chez cet animal. Mais cette pouponnière géante est loin d’être la seule trouvaille. L’exploration s’est poursuivie près de cheminées hydrothermales pouvant atteindre 300°C. Capables de plonger jusqu’à 4km de profondeur, les robots téléopérés ont permis de cartographier les sources actives et inactives. Les chercheurs ont aussi ramené à la surface des spécimens rares, peut-être inconnus, mal ou non-répertoriés. Puis, le vaisseau John P Tully s’est aventuré dans le Winona Basin pour étudier les suintements froids : ici, des échappements de gaz s’élèvent jusqu’à 1km de hauteur. Et à leur voisinage, des blocs de glace. Rien à voir avec l’eau, qui est à température ambiante. Ces structures glacées sont en fait un mélange d’eau et de méthane, cristallisé sous l’effet de la forte pression. Les suintements froids abritent aussi une faune particulière. L’équipe scientifique a ainsi aperçu un groupe de pieuvres d’une espèce rare en pleine couvaison. Ces céphalopodes restent ainsi, immobiles, pendant près de 4 ans et demi. La plus longue période de gestation jamais observée. Si bien que ces Graneledone boreopacifica seront sûrement encore là lors de la prochaine expédition. Car les fonds marins restent largement méconnus. Et d'autres expéditions suivront pour éclairer davantage ces écosystèmes des profondeurs toujours plongés dans l'obscurité.
Réalisation :
Léocadie Martin
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
2min51
Accessibilité :
sous-titres français