« Vers une méga-sécheresse historique aux États-Unis ? »
Dans la revue Science, une équipe de climatologues américains soutient que l’Ouest des États-Unis entrerait actuellement dans une période de méga-sécheresse historique.
Quand les scientifiques parlent de méga-sécheresse, ils ne font pas référence à des épisodes brefs et intenses, comme à la fin des années 30 par exemple, mais à des épisodes étalés sur au moins deux décennies. Alors durant les méga-sécheresses, même si certaines années sont plus humides que d’autres, ça ne suffit pas à rétablir la situation.
Valérie Daux (Directrice adjointe du groupe « Dynamique du climat et archives » au LSCE) « Les principales conséquences c’est que si la réserve en eau du sol ne se reconstitue pas – d’année en année ça s’aggrave, avec des conséquences évidentes sur la végétation, qui au bout d’un moment, même en allant chercher plus profondément l’eau dans le sol, n’a plus d’accès à une réserve en eau suffisante. »
Avec des données issues de neuf États de l’ouest américain, l’étude a remonté le passé climatique de la région sur plus de mille ans. Il en ressort que les Etats-Unis auraient connu au moins 4 méga-sécheresses, dont une très sévère au 16e siècle.
Quant à la période actuelle, l’équipe parvient à une conclusion très alarmante : depuis les années 2000, après 5 siècles de relative accalmie, une méga-sécheresse aussi grave, voire pire que les précédentes serait en train de s’installer.
Et c’est notamment grâce à l’analyse de plusieurs milliers d'arbres, et plus précisément, de leurs cernes, que ces résultats ont pu être obtenus.
Valérie Daux (Directrice adjointe du groupe « Dynamique du climat et archives » au LSCE)
« Ce qu’ils montrent aussi, et c’est peut-être la partie la plus intéressante de l’article, c’est que la sécheresse actuelle elle a une emprise spatiale qui est plus importante que les sécheresses du passé. Ce n’est peut-être pas encore la plus longue, puisque la sécheresse actuelle dans le sud-ouest des États-Unis, ça fait 20 ans qu’ils sont en déficit hydrique, mais ce qu’ils montrent, c’est que des sécheresses de 20 ans, il y en a déjà eu, mais qui n’avaient pas cette amplitude, spatialement. »
Et selon les chercheurs, cette méga-sécheresse en cours serait significativement associé au changement climatique.
Valérie Daux (Directrice adjointe du groupe « Dynamique du climat et archives » au LSCE)
« Alors une sècheresse, c’est dû au manque d’eau, mais c’est aggravé par la hausse des températures, par le fait qu’il y a plus d’évaporation. Donc au total il y a moins d’eau dans le sol. Donc cette sécheresse, elle a une origine naturelle, elle est liée à la variabilité naturelle du climat, mais elle est renforcée par les effets anthropiques. Ça, ils le montrent très clairement. »
La sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis touche des régions très agricoles comme la Californie ou l’Arizona - qui produit 90% des légumes américains en hiver - ou bien encore l’Utah et ses énormes élevages de bétail.
Toutes ces activités épuisent d’autant plus vite les ressources hydriques disponibles…
Valérie Daux (Directrice adjointe du groupe « Dynamique du climat et archives » au LSCE)
« Alors, ce qu’ils font aussi, c’est qu’ils font venir l’eau d’autres régions, et ça transporte éventuellement le problème ailleurs. Je pense qu’ils ont beaucoup à faire et à réfléchir sur la durabilité de ce système. »