« 24 Air » pour savoir si vous respirez trop de dioxyde d’azote à Paris
Publié le - par le blob avec l'AFP
La pollution de l’air peut tuer ou rendre malade. Pour répondre à l’inquiétude montante des populations, l’outil « 24 Air » permet désormais aux Franciliens d’évaluer leur exposition chronique au dioxyde d’azote, un des polluants de l’air les plus nocifs. Ce gaz principalement créé par le trafic routier est responsable de près de 10 000 morts prématurées en France chaque année, selon les chiffres de l’Agence européenne de l’environnement. C’est certes bien moins que les plus de 35 000 imputées aux particules fines. Mais en Ile-de-France, le dioxyde d’azote (NO2), nocif pour le système respiratoire, est « le polluant pour lequel les valeurs limites européennes sont le moins respectées », explique Pierre Pernot, expert de l’organisme de surveillance de la qualité de l’air Airparif. Ainsi, même si la situation s’est améliorée ces dernières années, près d’un million de Franciliens ont été exposés en 2018 à une moyenne annuelle dépassant la limite européenne de 40 microgrammes/m3, parfois jusqu’à deux fois plus le long des axes de circulation. La Commission européenne a d’ailleurs renvoyé la France devant la Cour européenne de justice pour non respect des limites de NO2 dans plusieurs zones, dont Paris. Mais même au sein d’une même agglomération, l’exposition peut varier de façon importante d’une rue à l’autre, surtout pour un gaz issu principalement des pots d’échappement.
Alors Airparif a développé « 24 Air », mis en ligne mercredi 5 juin à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement axée cette année sur la lutte contre la pollution atmosphérique. Les habitants de Paris et de sa banlieue peuvent ainsi évaluer individuellement leur exposition moyenne annuelle à ce gaz irritant qui participe également, sous l’effet du soleil, à la formation d’un autre polluant, l’ozone.
Adapter ses déplacements
Pour calculer son exposition, il faut entrer sur le site le parcours de sa journée type, son adresse, son lieu de travail, ses activités en extérieur ou encore ses modes de transports – mais ces données personnelles ne sont pas stockées, assure Airparif. Pour chaque plage horaire définie, « 24 Air » indique le niveau de pollution, de très faible à très élevée. Et un diagramme calcule la moyenne journalière annuelle en tenant compte du nombre d’heures d’exposition à chaque degré de pollution. Si vous êtes dans le rouge, aucun doute, vous êtes au-delà de la limite européenne. Quel intérêt de le savoir ? « Des gens nous demandent souvent “si je vais habiter à cet endroit-là, est-ce que ce serait mieux ou pas ?” », note Pierre Pernot.
Mais si vous n’envisagez ni de déménager ni de changer de travail, le site donne malgré tout des conseils pour adapter son comportement et réduire son exposition. Par exemple en aérant son domicile en dehors des heures de pointe, en s’éloignant des axes principaux lors d’un trajet à pied, ou encore en limitant l’usage de la voiture – également responsable d’importantes émissions de gaz à effet de serre.
« L’automobiliste est le premier exposé à sa propre pollution », insiste Airparif. Et « pour un même parcours, un enfant est plus exposé dans son siège auto que dans sa poussette sur le trottoir ». Le calculateur compile les données des 70 stations de mesures d’Airparif, mais aussi d’études réalisées avec d’autres organismes comme la SNCF, la RATP ou encore l’agence sanitaire Anses. Airparif espère étendre cet outil aux particules fines. « On y travaille », explique Pierre Pernot. Mais alors qu’en Île-de-France, le NO2 vient principalement du trafic routier, les sources de particules fines sont beaucoup plus diverses. Le projet est donc plus compliqué, notamment pour pouvoir inclure les émissions produites en intérieur (cuisson, chauffage), exclues à ce stade par le calculateur. « 24 Air » pourrait également plus tard être disponible sur smartphone, comme l’application « Itinér’air » proposée par Airparif depuis 2016 pour permettre de connaître en temps réel les niveaux des principaux polluants de l’air selon le lieu où l’on se trouve.