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Des orpailleurs se reposent le 2 septembre 2021 à côté d'une mine d'or illégale à Sao Felix do Xingu, dans l'Etat du Para, au Brésil © AFP/Archives MAURO PIMENTEL

Le président brésilien Jair Bolsonaro a signé lundi un décret visant à développer l'orpaillage, notamment en Amazonie, un texte critiqué par les écologistes, inquiets de la déforestation et la pollution des rivières.

Ce décret prévoit la « mise en place de politiques publiques pour encourager le développement des activités minières artisanales et à petite échelle, en vue du développement durable ».

La « région prioritaire » pour le développement de ces activités est l'« Amazonie légale », un ensemble de neuf États du nord du pays qui hébergent la forêt amazonienne, dont 60 % se trouve sur le territoire brésilien.

Jair Bolsonaro, dont le père a déjà été orpailleur, a toujours défendu les « garimpeiros » (terme brésilien qui les désigne), qu'il voit comme des aventuriers intrépides tentant de sortir de la pauvreté.

Mais ses détracteurs dénoncent de graves conséquences pour l'environnement.

Les activités minières ont causé la destruction de 125 km² de forêt amazonienne l'an dernier, une surface supérieure à celle de Paris intra-muros.

L'usage du mercure pour séparer les particules d'or des autres sédiments est aussi une source de pollution des fleuves.

Sans compter le fait que l'orpaillage a souvent lieu dans des territoires censés être réservés aux indigènes. 

Selon le parquet brésilien de nombreux « garimpeiros » ont des liens avec le crime organisé et des conflits éclatent parfois entre les autochtones et des hommes de main payés par les mineurs clandestins.

L'orpaillage en soi n'est pas illégal au Brésil, à condition de disposer de licences environnementales et de pratiquer cette activité sur des terres où elles sont autorisées. Mais la plupart des « garimpeiros » n'ont pas de telles licences.

Le gouvernement estime que quelque 4 000 orpailleurs illégaux opèrent dans des territoires indigènes en Amazonie, un chiffre largement sous-évalué selon les écologistes.

Selon Suely Araujo, ancienne présidente de l'agence environnementale Ibama et membre du collectif d'ONG Observatoire du Climat, le gouvernement « devrait faire en sorte que cette activité soit mieux encadrée, avec les licences environnementales ».

« Mais ce n'est pas leur préoccupation principale. Ils veulent défendre les 'valeurs historiques du secteur' (de l'orpaillage), autrement dit, la destruction de l'environnement », ajoute-t-elle.  

Le président Bolsonaro, qui a toujours appelé de ses vœux l'expansion des activités minières et agricoles en Amazonie, fait l'objet de nombreuses critiques de la communauté internationale pour l'augmentation de la déforestation depuis son arrivée au pouvoir, il y a trois ans.

Le déboisement dans la plus grande forêt tropicale du monde a atteint 13 235 km² sur la période de référence d'août 2020 à juillet 2021, du jamais vu en 15 ans.