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La mortalité en France, causée d'abord par les cancers et les maladies circulatoires, a atteint en 2023 un niveau "historiquement bas" essentiellement lié au reflux du Covid-19 © AFP/Archives STEPHANE DE SAKUTIN

La mortalité en France, causée d’abord par les cancers et les maladies circulatoires, a atteint en 2023 un niveau « historiquement bas » essentiellement lié au reflux du Covid-19, mais la pandémie a laissé des traces et les inégalités territoriales sont restées fortes.

« Les deux premières causes de décès restent les tumeurs et les maladies de l’appareil circulatoire », devant les maladies de l’appareil respiratoire, montre un travail de référence des chercheurs de l’agence Santé publique France, de l’Inserm et de la direction des statistiques du ministère de la Santé (Drees) publié mardi.

Tous les ans, ces scientifiques examinent les principales causes de mortalité, avec un peu de décalage. En 2023, plus de 637 000 décès ont été enregistrés.

« Après trois années de forte mortalité dues à la pandémie de Covid-19 et à un regain de mortalité lié aux maladies respiratoires en 2022 », 2023 a connu une mortalité « plus faible qu’en 2019 », détaille Elise Coudin, directrice du CépiDc (Inserm).

Comme dans la grande majorité des pays européens, le niveau de mortalité a été « historiquement bas » en France, mais il est resté supérieur à celui attendu si la tendance d’avant-pandémie s’était prolongée jusqu’en 2023. 

Le reflux par rapport à 2022 s’explique « à 60 % par la baisse de mortalité liée au Covid-19 » — tombé à la neuvième place des causes de décès —, avance Mme Coudin, ainsi que par des baisses des mortalités de maladies de l’appareil circulatoire et de tumeurs.

Toujours premiers tueurs, chez les hommes comme chez les femmes, les cancers ont été responsables d’un peu plus d’un quart des décès (27 %). 

Bien qu’en baisse, la mortalité due aux tumeurs a augmenté pour certains cancers (pancréas, mélanome) et, en général, chez les femmes de plus de 85 ans.

En deuxième position, les maladies cardio-neurovasculaires (infarctus du myocarde, AVC, insuffisance cardiaque, etc) ont entraîné un peu plus d’un cinquième des décès et représenté la première cause de mortalité chez les 85 ans et plus.

« En légère hausse » en 2023, les décès causés par des maladies respiratoires autres que le Covid (pneumonies, maladies chroniques, grippe hivernale notamment), sont revenus depuis 2022 à des niveaux pré-Covid. Ils avaient fortement diminué en 2020 et 2021, au plus fort de la pandémie.

S’ils ont légèrement diminué sur un an, les décès par maladies endocriniennes, digestives et génito-urinaires restent sur une tendance à la hausse sur plusieurs années.

Cette tendance est potentiellement liée « à des chocs induits par la pandémie (prise en charge retardée, difficultés d’accès aux soins, changements dans les comportements, voire dans l’offre de soins) », jugent les chercheurs, sans savoir s’il s’agit d’« effets ponctuels lents à se résorber ou de chocs structurels ».

Autre enseignement : la mortalité due aux accidents, notamment chutes et accidents de transports, a encore augmenté, tandis que le taux de suicide (13,6 pour 100 000) a baissé.
 

Pour la deuxième année d’affilée, la mortalité due aux causes externes (accidents, suicides, etc.) a été « significativement » plus élevée que sa tendance d’avant-pandémie. 

Concernant la mortalité infantile, « plus de la moitié des décès des enfants de moins d’un an sont dus à une affection dont l’origine se situe dans la période périnatale », devant les malformations congénitales et les anomalies chromosomiques, décrit Anne Fouillet, épidémiologiste à Santé publique France.

Géographiquement, la mortalité est bien plus marquée dans les départements et régions d’Outre-mer et, dans une moindre mesure, dans le nord et l’est de l’Hexagone.

« La mortalité est 89 % plus élevée à Mayotte par rapport à la moyenne nationale, 37 % en Guyane, et 17 % dans les Hauts-de-France », précise Vianney Costemalle, chef du bureau Etat de santé de la population de la Drees. 

À l’inverse, la mortalité est sensiblement plus faible en Île-de-France (-15 % par rapport à la moyenne nationale).

Ces disparités peuvent être liées à des facteurs « comportementaux, économiques, environnementaux, territoriaux, et d’accès aux soins », résume M. Costemalle. 

La mortalité est aussi plus importante dans les territoires ruraux hors d’influence des villes et plus faible dans les grandes agglomérations, notamment pour les maladies cardio-neurovasculaires et les causes externes.

En 2023, plus de la moitié des décès (53 %) ont eu lieu en établissement de santé et quasiment un quart à domicile (24 %).