Coût de dépollution de l'eau : les collectivités en première ligne, alerte l'UFC-Que Choisir
Publié le - par Le Blob avec l'AFP

Pesticides, nitrates, "polluants éternels" : le coût de la dépollution de l'eau promet d'exploser dans les prochaines années, s'alarme mardi l'association UFC-Que Choisir, pour qui collectivités et consommateurs ne doivent pas supporter seul l'augmentation de la facture d'eau.
Lors du Salon des maires de France qui s'ouvre mardi, la question du coût de la gestion de l'eau sera dans toutes les têtes, en témoignent les nombreuses conférences et tables au programme.
La part des réseaux où l'eau potable est conforme à la réglementation est en recul, selon une étude de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir dévoilée mardi.
"Seulement 85% des réseaux sont conformes à l'ensemble des critères réglementaires, soit un recul de 10 points par rapport à la précédente enquête de 2021", s'inquiète l'étude, basée sur les résultats de 30 millions d'analyses réalisées pour le compte des agences régionales de santé (ARS).
Or, lorsque la limite de qualité (0,1 microgramme par litre pour un pesticide, 0,5 pour l'ensemble des pesticides détectés), est dépassée, l'eau est alors déclarée "non conforme", et le gestionnaire de la distribution de l'eau" a alors l'obligation de prendre des mesures pour rétablir la conformité de l'eau dans les meilleurs délais", souligne l'UFC-Que Choisir.
Se basant sur des données de l'Insee, elle estime que ces contaminations "commencent déjà à se répercuter sur le prix de l'eau", le prix moyen du mètre cube ayant "augmenté de 16%" ces 30 derniers mois, "alors qu'il était particulièrement stable depuis les 10 années précédentes".
Une étude publiée fin 2024, financée en partie par le ministère de la Transition écologique, estimait à 13 milliards d'euros les dépenses supplémentaires qu'il faudrait engager chaque année pour la politique de l'eau, dont 5 milliards rien que pour les coûts environnementaux.
Cette dégradation depuis 2021, provoquée essentiellement par les pollutions aux pesticides, n'est pas due à une évolution des pratiques agricoles, mais "essentiellement" à la "détection de nouveaux métabolites (molécules issues de la dégradation) de pesticides par les ARS depuis 2023", note l'association.
Autre enseignement de l'étude, alors que jusqu'ici les dépassements de la norme sur les pesticides "ne concernaient que de petites communes rurales", désormais des villes comme Reims, Beauvais, Caen, La Rochelle ou Calais sont également touchées.
"Est-ce-que je peux continuer à boire mon eau ? La réponse est oui, dans la très grande majorité des cas", déclare Olivier Andrault, chargé de mission Alimentation et Nutrition à l'UFC-Que Choisir.
Il rappelle que les valeurs réglementaires qui sont ici dépassées, ont été fixées "très, très bas en application du principe de précaution", et que les seuils de dangerosité de l'eau "sont en général beaucoup, beaucoup plus haut".

Mais le coût de la dépollution risque de s'accentuer. Les techniques classiques de dépollution par charbon actif sont inefficaces sur les nouveaux métabolites, ainsi que sur de nombreux "polluants éternels" ou PFAS (pour substances per- et polyfluoroalkylées), dont certains seront recherchés systématiquement à compter du 1er janvier 2026.
Les investissements dans des techniques comme la filtration membranaire, qui se chiffrent en milliards d'euros, sont supportables pour de grandes structures comme le Sedif (Syndicat des eaux d'Ile-de-France), compte tenu du large bassin de population concernée et des "économies d'échelle", mais "que vont faire les petites collectivités?", s'alarme Olivier Andrault.
Une interrogation qui vient en écho des inquiétudes des maires de villages des Ardennes et de la Meuse, qui se disent "abandonnés" par l'État, après la découverte l'été dernier de taux record de "polluants éternels" dans l'eau du robinet.
L'UFC-Que Choisir demande notamment un "renforcement des procédures d'autorisation des pesticides", des "mesures préventives de protection des captages" et "une aide ciblée aux petites communes grâce à un relèvement de la redevance pour pollution diffuse" acquittée par les agriculteurs.
Un dossier que l'ancienne ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avait indiqué souhaiter rouvrir, quelques mois avant la démission du gouvernement dont elle faisait partie.

