Une course contre la montre est engagée à Mayotte pour venir en aide aux sinistrés de cet archipel français de l’océan Indien dévasté par un cyclone meurtrier, où l’eau et la nourriture manquent, et tenter de retrouver des survivants dans les décombres des bidonvilles.

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Un ferry interîles échoué près de la capitale Mamoudzou après le passage du cyclone Chido à Mayotte, dans l’océan Indien, le 15 décembre 2024 © AFP Kwezi

Les ministres démissionnaires de l’Intérieur et des Outre-mer Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, ainsi que leur collègue mahorais Thani Mohamed-Soilihi sont attendus lundi vers midi (10 h à Paris) dans le département le plus pauvre de France, où les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être même « quelques milliers ». Un bilan final sera « très difficile » à établir, car la tradition musulmane, très ancrée à Mayotte, veut que les défunts soient enterrés « dans les 24 heures », a expliqué dimanche soir le préfet François-Xavier Bieuville.

En outre, la population clandestine du territoire dépasse les 100 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur – sur quelque 320 000 habitants officiellement dénombrés –, rendant improbable un décompte des morts exhaustif. Emmanuel Macron présidera une réunion au centre interministériel de crise du ministère de l’Intérieur lundi à 18 h, a indiqué l’Élysée.

Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, le cyclone Chido – le plus intense qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans – a ravagé samedi le petit archipel où environ un tiers de la population vit dans de l’habitat précaire, totalement détruit. Cases anéanties, toits en tôle envolés, poteaux électriques à terre, arbres arrachés... Les habitants, qui sont restés confinés pendant le passage du cyclone, ont découvert, sidérés, des scènes de chaos. À travers le territoire, de nombreuses routes sont impraticables et beaucoup de communications coupées.

« C’est un carnage. Le tribunal, la préfecture, beaucoup de services, de commerces, des écoles sont à terre », raconte à l’AFP Ousseni Balahachi, un infirmier à la retraite, depuis Mamoudzou, la « capitale » mahoraise. L’hôpital a été inondé et risque selon lui de ne pas pouvoir soigner les nombreux blessés dans de bonnes conditions. La tour de contrôle de l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi a subi de gros dégâts, et la reprise des vols commerciaux n’est pas envisagée avant « au mieux dix jours », a indiqué lundi à l’AFP une source préfectorale. 

Un pont aérien et maritime est déployé depuis l’île de La Réunion, territoire français distant de 1 400 km à vol d’oiseau, pour envoyer du matériel et des personnels médicaux et de secours. Un total de 800 membres du personnel de la sécurité civile sont envoyés en renfort, avec un hôpital de campagne et du matériel de transmission par satellite. 

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Une salle de classe d'école primaire détruite à Mamoudzou après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 14 décembre 2024 © AFP Daniel Mouhamadi

Les secouristes s’attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, a dit le maire de la ville Ambdilwahedou Soumaila.

« La faim commence à monter » 

Nombre d’immigrés sans papiers des bidonvilles n’avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture, « en pensant que ce serait un piège qu’on leur tendait (...) pour les ramasser et les conduire hors des frontières », selon l’ex-infirmier Ousseni Balahachi.

De nombreux sinistrés ont rejoint dimanche les centres d’hébergement, a rapporté Salama Ramia, sénatrice de Mayotte. « Mais il n’y a malheureusement pas d’eau, pas d’électricité, la faim commence à monter. Il est urgent que les aides arrivent, surtout quand vous voyez des enfants, des bébés, à qui on n’a rien de concret à proposer », s’est alarmée l’élue sur BFMTV.

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L’avion militaire français A440M acheminant des pompiers et secours français à Mayotte atterrit à Saint-Denis de la Réunion, le 15 décembre 2024 © AFP Richard Bouhet

« Certains de mes voisins ont déjà faim et soif », se désole aussi Lucas Duchaufour, un kinésithérapeute vivant à Labattoir, une commune de l’île de Petite-Terre. Des habitants évoquent un climat d’insécurité, avec des scènes de pillages dans la zone industrielle de Kawéni à Mamoudzou, comme l’a rapporté à l’AFP Frédéric Bélanger, 52 ans.

« On a peur de se faire agresser, de se faire piller », a confié Océane, infirmière au centre hospitalier de Mayotte sur BFMTV. Quelque 1 600 policiers et gendarmes sont mobilisés sur le terrain, notamment pour « éviter les pillages », a indiqué le préfet. En visite en Corse dimanche, le pape François a dit soutenir « par l’esprit » les victimes de cette « tragédie ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré que l’UE était prête à aider la France « dans les jours à venir ».