Faute de fossiles suffisants, on ne sait toujours pas à quoi ressemblait notre cousin Denisova, mais on vient de découvrir qu’il avait probablement des préoccupations artistiques ou cultuelles. Une équipe internationale comportant des chercheurs de l’Université de Bordeaux, associés à l’académie des sciences chinoise, vient de publier le résultat de fouilles faites dans la grotte de Lingjing dans la province du Henan en Chine. Ce site, daté de 100 000 à 120 000 ans, a livré de nombreux vestiges dont une plaquette d’os montrant de nombreuses incisions plus ou moins parallèles.

Image légendée
Photo et tracé d’une gravure trouvée à Lingjing (province du Henan, Chine), dans une couche datée de 115 000 ans (les points rouges indiquent la présence de résidus d’ocre). Photo : Francesco d’Errico & Luc Doyon

Les gravures ont été tracées avec de fines pointes de pierre sur des fragments d’os partiellement fossilisés, ce qui semble écarter la possibilité qu’il puisse s’agir de traces de boucherie. Des résidus d’ocre rouge, détectés dans certains traits d’une des pièces gravées, semblent indiquer que les gravures ont été rehaussées à l’ocre, probablement pour rendre le motif plus visible. L’analyse microscopique et chimique de la surface des os et des résidus d’ocre ne laisse aucun doute : les traits ont été tracés volontairement avec l’objectif de produire des traits parallèles et, dans un cas, parfaitement équidistants.

Cette découverte d’un objet a priori inutile, mais élaboré, ouvre sur la pensée de ce cousin dont nous savons si peu de choses.