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Une baleine franche australe expose son ventre en surface tout en frolant son petit.©Fredrik Christiansen, Aarhus Institute of Advanced Studies.

Peser en pleine mer un animal aussi gros qu’une baleine est loin d’être une évidence. C’est pourtant le défi relevé par une équipe d’océanographe de l’Institut des hautes études d’Aarhus au Danemark et de la Wood Hole Oceanographic Institution (EU). Ils expliquent leur méthode dans une parue le 2 octobre dans la revue dans la revue Methods in Ecology and Evolution.

Les baleines à fanons, qui comprennent des espèces comme la baleine bleue, sont les plus gros animaux de la planète. Leur masse corporelle est essentielle à leur équilibre. Elle détermine, en effet, leurs besoins alimentaires, leur croissance et la façon dont elles emploient leur énergie. « La capacité à prédire la masse corporelle de baleines en liberté nous permet de regarder les animaux au fil du temps et de voir comment ils changent, comment ils grandissent », explique Fredrik Christiansen de l’IHE d’Aarhus et auteur principal de l’étude.

Jusqu’alors, en raison de leur grande taille et de leur vie aquatique, le seul moyen d’obtenir des données sur la masse corporelle des cétacés était de peser ceux que l’on retrouve échoués sur une plage, pris dans des filets ou bien encore morts. Mais les données récupérées à partir d’individus morts sont loin d’être précises, car les corps gonflent et se déforment. Ces conditions génèrent de nombreuses incertitudes quant aux résultats des études produites.

Des drones à la rescousse

En hiver, de nombreuses baleines franches australes se réunissent au large des côtes de Peninsula Valdès en Argentine pour se reproduire. Pour les chercheurs c’était l’occasion rêvée pour expérimenter une méthode particulièrement innovante. À l’aide de drones, ils ont photographié de 86 individus, adultes ou petits lorsqu’ils venaient souffler en surface. La forme de leur corps (longueur, largeur et hauteur) a permis aux scientifiques de mettre au point un modèle permettant de calculer de façon précise leur volume et leur masse.

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Photographies aériennes de la (a) surface dorsale d'une baleine franche australe, utilisées pour mesurer la longueur et la largeur du corps. (b) Côté latéral de la même baleine, utilisé pour déterminer la hauteur corporelle (distance dorso-ventrale). (c) Un modèle 3D de la même baleine, utilisé pour estimer son volume.©Aarhus Institute of Advanced Studies.

« Nous avons utilisé ce modèle pour estimer le volume de corps de baleines capturées lors d’opérations scientifiques de chasse à la baleine, pour lesquelles le tour de taille et la masse corporelle étaient connus. À partir de ces estimations du volume des corps, nous avons ensuite pu calculer la densité des baleines, puis estimer la masse de baleines en liberté photographiées par nos drones », précise Fredrik Christiansen.

Ce modèle fournit des estimations de masses corporelles d’un niveau de précision inégalé. À l’avenir l’utilisation de drones pourrait être aussi une technique clé pour aider à surveiller et améliorer la conservation des baleines, mais également d’autres animaux marins.