La pandémie d’obésité a conduit au remplacement partiel des sucres par des édulcorants de synthèse dans l’alimentation humaine. L’aspartame est de moins en moins utilisé au profit d’autres substances, comme le mélange acésulfame potassium (K) -sucralose que l’on retrouve dans près de 90 % des boissons « light ». Si ces édulcorants de synthèse réduisent l’apport calorique, les données sur leurs effets métaboliques sont insuffisantes, d’autant que ces substances sont soupçonnées d’effets secondaires néfastes, tout particulièrement d’une diminution de la sensibilité à l’insuline pouvant conduire, à terme, à un diabète de type II.

Grâce à de l’imagerie nucléaire quantitative, des chercheurs de l’Inra et de l’Université d’Adélaïde ont testé chez l’animal les effets métaboliques du mélange acésulfame K-sucralose. L’expérience révèle que la consommation de glucose et la sensibilité à l’insuline de l’organisme n’ont pas été modifiées. En revanche, la consommation de glucose du cerveau, du foie, d’une partie du tube digestif et de la graisse viscérale est quasiment doublée. Au niveau du cerveau, les liens métaboliques entre la partie frontale du cortex et des structures plus profondes sont accrus, un phénomène également observé chez les personnes obèses prédiabétiques de type II.

La consommation sur le long terme d’un mélange d’édulcorants à une dose équivalente à celle absorbée quotidiennement par certaines personnes conduit ainsi à des modifications profondes du métabolisme du glucose, notamment au niveau cérébral. Les phénomènes observés sont les mêmes que ceux qui surviennent au cours de la prise pondérale chez l’obèse. En considérant que ces substances ont un effet bénéfique vis-à-vis de l’apport calorique, ces nouveaux résultats suggèrent, a minima, la nécessité de conduire des études complémentaires pour évaluer le rapport bénéfice/risque de la consommation de ces édulcorants de synthèse.