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Bains de soleil et baignades devant le Théâtre national de Copenhague pendant un épisode de canicule, le 25 juillet 2019 au Danemark © Ritzau Scanpix/AFP Liselotte Sabroe

La deuxième canicule de l’été, qui accable des millions d’habitants en Europe occidentale, a pulvérisé les records les uns après les autres, la barre des 42 °C étant largement franchie à Paris jeudi, au paroxysme de cet épisode avant des orages et un rafraîchissement prévu en fin de semaine.

Comme attendu, le record historique de chaleur qui datait de plus de 70 ans dans la capitale française est tombé avec 42,6 °C enregistrés en milieu d’après-midi (14H32 GMT) : depuis le début des mesures en 1873, Paris n’avait dépassé les 40 °C qu’une seule fois, le 28 juillet 1947, avec 40,4 °C.

L’Allemagne a battu jeudi un nouveau record absolu de chaleur avec 42,6 °C aussi, mesurés à Lingen en Basse-Saxe. Celui-ci a pulvérisé un précédent record de 40,5 °C établi la veille seulement à Geilenkirchen, également dans le nord-ouest du pays.

Les records de chaleur sont également tombés aux Pays-Bas avec 40,4 °C ; en Belgique avec 40,6 °C. Sous l’effet conjugué de ces chaleurs exceptionnelles et de la sécheresse, des incendies ont ravagé plusieurs milliers d’hectares de cultures et de végétation jeudi en France, dans le nord-ouest, le nord et le nord-est du pays.

La chaleur est telle sur cette partie de l’Europe que la société des trains à grande vitesse Thalys, qui dessert plusieurs grandes villes du Nord, a suspendu toutes ses ventes de billets sur toutes ses lignes jusqu’à vendredi, à cause de problèmes sur les infrastructures.

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Un thermomètre indique une température de plus de 40 °c, le 25 juillet 2019 à Arnhem, aux Pays-Bas © ANP/AFP Vincent Jannink

Un voyageur du Thalys Amsterdam-Paris a appelé l’AFP pour signaler que son train était immobilisé sur les voies au nord de Bruxelles, sans climatisation, mais avec des bouteilles d’eau « mises à disposition au bar ».

Pour l’Allemagne, placée en alerte canicule, passer le seuil des 42 °C est une première ; la centrale nucléaire de Grohnde, en Basse-Saxe, sera provisoirement mise à l’arrêt vendredi jusqu’à dimanche, l’eau de la rivière Weser servant à rafraichir le réacteur risquant d’atteindre le seuil critique de 26 °C.

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Dans une fontaine à Amsterdam, le 25 juillet 2019 aux Pays-Bas, où un nouveau record de chaleur a été battu © ANP/AFP ROBIN UTRECHT

« Ne pas trop bouger »

Chacun adopte des stratégies personnelles, telle Serona Methorst, 19 ans, étudiante néerlandaise : « J’essaie juste de ne pas trop bouger pour ne pas avoir trop chaud », témoigne-t-elle, allongée sous les arbres à La Haye. Dans le centre des Pays-Bas, la police espérait même arracher une trêve aux voleurs et criminels : elle a lancé un appel sur Facebook pour demander aux gens de rester « tranquilles ». « C’est très rude de travailler avec ce temps », justifie-t-elle.

En Belgique, sur le porte d’Anvers, deux hommes enfermés dans un conteneur rempli de cocaïne ont carrément appelé la police pour qu’elle vienne les délivrer. Ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier et à s’intensifier sous l’effet du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. Au cours des 2 000 dernières années, les températures mondiales n’avaient jamais augmenté aussi rapidement que maintenant, selon des données publiées le 24 juillet dans deux études distinctes dans les revues Nature et Nature Geoscience.

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Carte des records de chaleur battus mercredi 24 et jeudi 25 juillet en Europe © AFP Robin LEGRAND

La nuit de mercredi à jeudi avait été « très probablement » la plus chaude jamais mesurée en France avec une température minimale moyenne de 21,4 °C, devant les 21,3 °C du 14 août 2003, selon Météo-France. Le rafraîchissement est cependant promis à partir de vendredi, accompagné d’orages. Et il sera le bienvenu, notamment à Paris : « Il fait très chaud dans le métro, c’est insupportable ! », témoignait à l’AFP Petra Ulm, 34 ans, chercheuse autrichienne vivant en France depuis 10 ans et qui déplore l’absence d’air conditionné.

Au moins quatre personnes sont décédées dans des lacs ou rivières – mais le lien avec les fortes chaleurs n’est pas encore démontré. Le Royaume-Uni a atteint la température maximum jamais enregistrée en juillet, en début d’après-midi, avec 36,9° à Heathrow, selon l’office météo. Le thermomètre a grimpé jusque 38,1° à Cambridge. Les fortes chaleurs ont aussi provoqué des perturbations dans le trafic ferroviaire, avec des ralentissements de trains.

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La Loire à sec à Montjean-sur-Loire, dans l’ouest de la France, le 24 juillet 2019 © AFP LOIC VENANCE

À Londres, Graham Clarke, un agent d’assurance de 50 ans, s’en réjouissait pourtant : « Bien sûr, c’est difficile pour certains, mais si vous êtes en congé avec des enfants, c’est une journée magnifique pour aller à la plage ! » La police recherchait cependant trois personnes portées disparues après s’être baignées dans la Tamise.

Baisse amorcée en Espagne

En Autriche, un enfant de trois ans est mort de déshydratation dans le sud du pays mercredi : il avait été découvert inconscient lundi dans une voiture en plein soleil, où il était monté et s’était endormi à l’insu de ses grands-parents. L’Italie est également touchée et les autorités ont élevé mercredi l’alerte au niveau 3 (« bulletin rouge ») dans cinq villes (Bolzano, Brescia, Florence, Pérouse et Turin).

Le Luxembourg et une partie de la Suisse sont aussi touchés par cet épisode de canicule. En Espagne, les températures ont commencé à redescendre à des valeurs normales pour la saison estivale, avec seulement six des 50 provinces du pays toujours en alerte orange, selon le service météorologique national. Les températures les plus élevées sont attendues dans le nord-est où elles pourraient atteindre les 41 °C à Saragosse. Cette zone est également placée en alerte aux orages violents.