Le 7 février, un mur d'eau s'est violemment abattu sur la vallée de Rishiganga, dans l'Etat de l'Uttarakhand, détruisant tout sur son passage et faisant, selon le dernier bilan en date, 50 morts et 150 disparus.

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La vallée de la Rishi Ganga, dans l'Himalaya indien, le 9 février 2021, ravagée deux jours plus tôt par une inondation subite qui a emporté maisons, routes, ponts et une partie d'une centrale hydroélectrique, ainsi que 200 habitants © AFP/Archives Sajjad Hussain

Le phénomène a été d'abord attribué à la rupture d'un glacier himalayen mais d'autres hypothèses sont envisagées, dont la formation d'un lac glaciaire, due à la fonte d'un glacier, dont les rives auraient cédé.

Les scientifiques sont d'accord pour dire que c'est bien l'activité humaine dans cette région fragile qui est responsable de ce désastre.

Tout d'abord la fonte des glaciers de l'Himalaya, due au réchauffement climatique. La cause la plus probable de la catastrophe serait la rupture d'un morceau de glacier de plus d'1,5 km de longueur et environ 300 mètres de largeur, qui en se rompant, a également emporté une partie des rochers auxquels il était attaché. Tout cela est allé former un barrage sur une rivière dans les montagnes, jusqu'à ce que la pression de l'eau accumulée finisse par percer le barrage et déverser une masse énorme d'eau, de rochers et de boue dans la vallée, emportant maisons, routes et ponts et plus de 200 personnes.

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Des sommets de l'Himalaya vus depuis le district de Chamoli (Etat de l'Uttarakhand), en Inde, le 11 février 2021 © AFP Sajjad Hussain

Cette catastrophe « est clairement une conséquence du changement climatique, et un avertissement de ce qui nous attend à l'avenir », a déclaré H.C. Nainwal, un des spécialistes des glaciers venus sur le site.

Dans la partie indienne de l'Himalaya, environ 10 000 glaciers sont en train de fondre peu à peu, reculant de 30 à 60 mètres par décennie. Cette fonte forme parfois des lacs qui finissent par emporter leurs rives et se déverser dans les vallées de façon brutale et destructrice.

Mais la fonte des glaces n'est pas la seule à fragiliser la région. L'autre cause peut s'entendre régulièrement dans toutes les vallées de l'Uttarakhand : ce sont les explosions à la dynamite utilisées pour les grands travaux dans la région.

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La partie non endommagée de la centrale hydroélectrique de Tapovan-Vishnugad, le 11 février 2021, après qu'une crue subite a emporté, le 7 février, une partie de la centrale, ainsi que des villages alentours © AFP Sajjad Hussain

Il y a d'abord les routes : celles qui mènent à la frontière chinoise, élargies pour que l'armée indienne puisse y arriver plus facilement, depuis les affrontements de l'an dernier, mais aussi une autoroute de 800 km reliant quatre importants sites religieux, un projet cher au Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi.

Mais le plus gros problème est la construction de centrales hydroélectriques sur de nombreuses rivières de l'Himalaya, dans le cadre de l'effort indien pour utiliser l'énergie renouvelable conformément à ses engagements dans l'Accord de Paris. Quelques 75 d'entre elles, de toutes tailles, sont déjà opérationnelles dans l'Uttarakhand, et des dizaines d'autres sont en projet.