En Israël, la recherche scientifique paie le coût du financement de la guerre
Publié le - par LeBlob.fr, avec l'AFP
La scientifique israélienne Ellen Graber a passé des années à essayer de sauver le chocolat menacé par le changement climatique. Mais avec la guerre à Gaza et la réduction du budget de l’Etat consacré à la recherche, ses plants de cacao risquent de disparaître.
Les plants ont survécu à des semaines de sécheresse dans une serre après l’évacuation de la zone de Beit Dagan à la suite de l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre qui a déclenché une guerre meurtrière dans la bande de Gaza. Mais le travail de Mme Graber est désormais compromis, les ressources étant accaparées par le conflit.
L’institut Volcani, financé par des fonds publics, pour lequel elle travaille, est un leader mondial de la recherche agronomique, spécialisé dans les environnements arides en proie à des conditions météorologiques extrêmes dues au changement climatique.
Conséquence du financement de la guerre, des centaines de projets de recherche comme celui de Mme Graber sont en suspens en raison de la réduction des fonds publics.
Des coupes dans les budgets de certains ministères ont été votées pour financer une augmentation de 82 % des dépenses de défense et, de manière plus controversée, pour augmenter les dépenses consacrées aux programmes d’éducation ultra-orthodoxe et aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.
Les ministères des Sciences, de la Culture et des Sports ainsi que celui de l’Agriculture, ont vu leur budget réduit de 12 %.
L’Institut Volcani devrait perdre un cinquième des fonds publics qui lui sont alloués, ce qui interromprait la recherche.
L’opposition et des économistes israéliens ont vivement critiqué ces coupes, « les plus sectaires, déconnectées et irréfléchies » de l’histoire du pays, a affirmé le chef de l’opposition, Yaïr Lapid.
Le directeur intérimaire de Volcani, Shmuel Assouline, a prévenu que son budget révisé couvrirait seulement les dépenses de fonctionnement de base. Et si ses recherches sont interrompues, Volcani risque de perdre environ 100 millions de shekels (25 millions d’euros) dans ses partenariats avec d’autres institutions, a-t-il alerté.
Il y a quatre ans, Mme Graber, spécialiste des sciences du sol, a commencé à cultiver des plants de cacao tropicaux, afin de trouver des moyens « d’augmenter les rendements, d’améliorer la qualité, de lutter contre les parasites, les agents pathogènes et les maladies » qui frappent l’industrie du cacao dans le monde. « Je ne peux pas acheter les produits chimiques qu’il faut, le matériel dont j’ai besoin pour travailler et poursuivre cette étude », explique-t-elle.
Sur l’immense campus de l’institut Volcani, des laboratoires isolent des souches bactériennes tueuses de champignons, dont les scientifiques espèrent qu’elles remplaceront les pesticides. Ses chercheurs sont à l’avant-garde des solutions au changement climatique pour l’agriculture et collaborent avec des universités, des gouvernements et des entreprises privées du monde entier dans des domaines aussi divers que la météorologie et l’utilisation de l’eau, l’édition de gènes et la microbiologie de l’environnement.
Les coupes budgétaires ont provoqué des tensions au sein du gouvernement. Le ministre de l’Agriculture, Avi Dichter, a déclaré à la radio publique Kan qu’il avait « un sérieux désaccord avec le ministère des Finances » au sujet des fonds destinés à l’Institut Volcani.
M. Netanyahu a « promis d’intervenir », a-t-il ajouté, laissant cependant pour l’instant la communauté scientifique dans l’incertitude.