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Le président américain Joe Biden à son arrivée à la COP26 à Glasgow le 1er novembre 2021 © Pool/AFP Adrian Dennis

Les dirigeants mondiaux réunis à Glasgow pour la COP26 devaient s’engager mardi au deuxième jour du sommet sur le climat à enrayer la déforestation d’ici 2030, mais leur promesse est déjà jugée trop lointaine par les défenseurs de l’environnement. 

Selon le gouvernement britannique, hôte de la conférence climat, cette déclaration commune sera adoptée par plus de cent pays abritant 85 % des forêts mondiales, dont la forêt boréale du Canada, la forêt amazonienne au Brésil ou encore la forêt tropicale du bassin du Congo.

L’initiative, qui bénéficiera d’un financement public et privé de 19,2 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros), est essentielle pour parvenir à l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, selon le Premier ministre britannique, Boris Johnson. « Ces formidables écosystèmes fourmillant – ces cathédrales de la nature – sont les poumons de notre planète », absorbant une part importante du carbone rejeté dans l’atmosphère. Les forêts « sont essentielles à notre survie même » Pourtant, elles sont en train de reculer au « rythme alarmant » de 27 terrains de football chaque minute.  

Parmi les signataires figurent le Brésil et la Russie, pays pointés du doigt pour l’accélération de la déforestation sur leurs territoires, ainsi que les Etats-Unis, la Chine, l’Australie ou la France. 

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Un message vidéo de la reine d’Angleterre diffusé à la soirée d’ouverture de la COP26, à Glasgow, le 1er novembre 2021 © Pool/AFP Alberto Pezzali

Sous le feu des critiques pour sa politique environnementale, le gouvernement brésilien a d’ailleurs annoncé lundi à l’occasion de la COP26 des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2 et de lutte contre la déforestation. « Nous présentons un objectif climatique plus ambitieux, passant de 43 % à 50 % d’ici 2030 » de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et « de neutralité carbone d’ici 2050 », a annoncé le ministre brésilien de l’Environnement, Joaquim Leite.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a pour sa part annoncé un objectif de zéro émission nette pour 2070. Cette annonce était très attendue, l’Inde étant le quatrième émetteur au monde de gaz à effet de serre derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Les patrons de plus de 30 institutions financières comme Aviva ou Axa vont de leur côté s’engager à ne plus investir dans les activités liées à la déforestation, selon Downing Street. 

Actuellement, près d’un quart (23 %) des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent d’activités comme l’agriculture ou l’industrie forestière.

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La militante écologiste Greta Thunberg participe à une manifestation à Glasgow en marge de la COP26 le 1er novembre 2021 © AFP Adrian Dennis

Le nouvel engagement contre la déforestation fait écho à la « Déclaration de New York sur les forêts » de 2014, quand de nombreux pays s’étaient engagés à diviser par deux la déforestation en 2020 et d’y mettre fin en 2030. Mais pour des ONG comme Greenpeace, l’objectif de 2030 est beaucoup trop lointain et donne le feu vert à « une décennie supplémentaire de déforestation ». 

Cet engagement intervient au lendemain de la harangue du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, à « sauver l’humanité », devant quelque 120 dirigeants et des milliers de délégués et d’observateurs réunis à Glasgow pour une conférence de deux semaines. « Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond. Nous creusons nos propres tombes », avait martelé Antonio Guterres à l’ouverture de la COP26. 

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Emmanuel Macron à la COP26 à Glasgow le 1er novembre 2021 © AFP Alain Jocard

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte du sommet, avait quant à lui mis en garde contre la colère « incontrôlable » des jeunes générations que provoquerait un échec de cette COP26, six ans après l’accord de Paris.

Mauvais signe venu de Rome : lors du sommet du G20 ce week-end, les grandes économies de la planète, responsables de près de 80 % des émissions mondiales, n’ont pu s’accorder sur une date précise pour cette neutralité carbone, évoquant « le milieu du siècle ».

La Chine, premier émetteur mondial, s’est fixé un objectif de neutralité carbone pour 2060. Mais le président Xi Jinping n’a pas fait le déplacement à Glasgow.