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Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, lors d'une conférence de presse à Budapest le 1er avril 2021 © AFP/Archives Attila Kisbenedek

Le Premier ministre polonais a affirmé lundi que Varsovie allait « maintenir ouverte » la mine de charbon de Turow (sud-ouest du pays), bien que la justice européenne ait ordonné vendredi d’en cesser immédiatement l’exploitation. « Nous ne prévoyons pas la fermeture de la mine et nous n’allons pas l’accepter, car cela pourrait mettre en danger l’approvisionnement en énergie de la Pologne », a déclaré Mateusz Morawiecki. Il a ajouté que la Pologne allait chercher à dialoguer avec la République tchèque voisine, qui avait saisi la Cour de justice de l’Union européenne (UE) pour obtenir en urgence l’arrêt de l’exploitation de la mine à ciel ouvert, située à proximité des frontières tchèques et allemandes. Varsovie compte également « présenter de nouveaux arguments » à la juridiction établie à Luxembourg. Après la décision de vendredi, l’affaire doit être examinée plus tard sur le fond. 

Selon les autorités tchèques, l’exploitation de cette mine, en service depuis 1904, a un impact négatif sur l’environnement des régions frontalières, où les habitants se plaignent du bruit, de la poussière et du manque d’eau. Cette mine de lignite – un charbon de mauvaise qualité – permet la fourniture d’environ 7 % de l’électricité en Pologne. Le groupe énergétique public polonais PGE, qui la détient et l’exploite, compte en extraire du charbon jusqu’en 2044 et veut l’étendre de 25 à 30 kilomètres carrés.

En ordonnant l’arrêt des opérations, la Cour de justice de l’UE avait souligné vendredi que la poursuite des activités d’extraction était « susceptible d’avoir des effets négatifs sur le niveau des eaux souterraines en territoire tchèque », mobilisées massivement par le site minier au risque de « menacer l’approvisionnement en eau potable » des populations concernées. Or « un préjudice porté à l’environnement et à la santé humaine présente, en principe, un caractère irréversible », car difficile à « éliminer rétroactivement », avait-elle observé, se référant au « principe de précaution ». À l’inverse, « la Pologne n’a pas établi (…) que la cessation des activités dans la mine entraînerait une menace réelle pour sa sécurité énergétique », avait estimé la Cour.

La Pologne est dépendante du charbon pour environ 80 % de son électricité et compte quelque 80 000 emplois dans le secteur minier. Elle a cependant promis de développer les énergies renouvelables et prévoit la fermeture progressive de ses mines d’ici 2049, afin de répondre aux objectifs de l’UE en matière de réduction d’émission de gaz à effet de serre.