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Le réchauffement climatique favorise l'extension des populations de castors dans l'ouest des Etats-unis, dont les barrages permettent d'améliorer la qualité de l'eau © AFP/Archives Pablo Cozzaglio

Le réchauffement climatique augmente la concentration des polluants dans les rivières. Toutefois, ce même phénomène favorise l’extension et la concentration des populations de castors dans l’ouest des États-Unis. Et leurs barrages permettent d’améliorer la qualité de l’eau, selon une récente étude publiée dans la revue « Nature Communications » par des scientifiques de l’université de Stanford.

Ils partent d’un simple constat : les canicules et les sécheresses, plus fréquentes et plus intenses, réduisent la quantité d’eau des rivières, et en conséquence, augmentent la concentration des polluants tels que les nitrates, présents en quantité dans les engrais. Or dans le même temps, le réchauffement climatique d’origine humaine a augmenté l’aire de répartition des castors américains, cousins du castor eurasien, élargissant les bienfaits de leurs barrages.

Lorsque les digues des castors font monter le niveau de la rivière en amont, l’eau est détournée vers les sols environnants et les cours d’eau secondaires du bassin. « Ces zones agissent comme des filtres, éliminant les nutriments et les polluants en excès avant que l’eau ne réintègre le canal principal en aval », détaille un communiqué de la revue. L’azote, en particulier, favorise par exemple la prolifération des algues, qui privent l’eau de l’oxygène nécessaire aux êtres vivants de cet écosystème.

L’étude a révélé que les barrages de castors amélioraient sa qualité dans les conditions de hautes et basses eaux extrêmes liées au changement climatique — qu’il s’agisse de périodes chaudes et sèches, ou de fortes pluies et de la fonte des neiges. Dans les deux cas, « la digue de castor a poussé plus d’eau et de nitrates dans le sol environnant que ne l’ont fait les deux extrêmes saisonniers, entraînant une élimination beaucoup plus importante des nitrates », a déclaré l’auteur principal, Christian Dewey. Ce mécanisme peut être qualifié de rare « boucle de rétroaction » vertueuse du changement climatique, a-t-il souligné.

Cette dynamique est potentiellement propre aux conditions particulières de l’ouest des États-Unis, et n’est pas assurée de se retrouver ailleurs, met-il toutefois en garde. En l’occurrence, ce cycle vertueux bénéficie aux 40 millions d’habitants qui dépendent de l’eau potable issue du fleuve Colorado. Ces résultats constituent tout de même « une rare éclaircie dans l’actualité climatique », fait-il valoir, illustrant peut-être une capacité de la nature à rétablir l’équilibre.