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Pour les adolescents, il semble six fois plus probable qu’une inflammation du muscle cardiaque survienne après infection par le Covid-19, qu’après vaccination. C’est en tout cas la conclusion d’une étude préliminaire publiée le 27 juillet.

Chez les garçons de 12 à 17 ans, le risque de développer une myocardite après avoir attrapé le virus semble bien plus élevé que le risque d’en avoir une suite au vaccin. Ces résultats sont en attente de validation par les pairs.

La myocardite, problème cardiaque, a inquiété il y a quelques mois, lors de l’identification des cas chez les moins de trente ans en Israël et aux États-Unis. L’alerte avait semé l’inquiétude chez les parents d’adolescents en âge de se faire vacciner. Mais les autorités sanitaires ont depuis confirmé que la balance bénéfice/risque restait largement en faveur de la vaccination.

Cette inflammation du myocarde a toutes sortes de causes, mais la plus courante, c'est bien l’infection virale. Dans la grande majorité des cas, elle reste bénigne, et se résorbe rapidement, parfois spontanément. Relativementcourante, on la diagnostique chez 1,5 million de personnes par an dans le monde, mais bien d’autres cas bénins passeraient totalement inaperçus. En France, 64 cas de myocardites ont été rapportés chez des personnes vaccinées avec le vaccin Pfizer, surtout chez des hommes jeunes, environ 10 jours après la deuxième dose. Pour rappel, les symptômes les plus fréquents de myocardite sont les douleurs thoraciques, un essoufflement et des palpitations.

L’étude s’est penchée sur des données du système de santé américain, couvrant un cinquième de la population. Les auteurs ont analysé la fréquence de myocardites chez les jeunes non vaccinés ayant contracté le SARS-Cov-2 en un an de pandémie, entre avril 2020 et mars 2021. Ils ont trouvé que les garçons de 12 à 17 ans étaient plus susceptibles de développer une myocardite dans les trois mois suivant la maladie, à hauteur de 876 cas par millions d’infections.

Cependant, comme tous les cas de covid et de myocardite n’étaient pas pris en compte dans la base de données, les chercheurs ont ajusté ces résultats. Ils sont arrivés à un taux d’environ 450 cas par million d’infections sur la base de leurs calculs. Alors que chez les vaccinés du même âge, le taux était de 77 cas de myocardites par million de personnes, en ayant additionné les cas après la première et la deuxième dose. Parmi les ajustements des auteurs, on trouve aussi l’hypothèse qu’un tiers des cas non détectés par la base de données ait menée au même taux de diagnostic de myocardites que dans le reste du groupe. Mais les données manquent pour une estimation plus précise. Même sans cette estimation, le taux de myocardites survenues suite au covid chez cette tranche d’âge resterait trois fois supérieur au taux post-vaccin.

La docteure Fabienne Kochert, pédiatre et présidente de l’AFPA (Association de Pédiatrie Ambulatoire), émet toutefois une critique vis-à-vis de la méthodologie utilisée. La proportion des jeunes contractant une forme asymptomatique du Covid-19 étant élevée, le risque de péricardites et myocardites est probablement plus faible que celui annoncé une fois rapporté au nombre de contaminations, et non au nombre des malades du Covid. Elle ajoute tout de même : « Cependant en matière de covid tout change très vite. Et le variant delta plus contagieux se propage davantage chez les jeunes avec peut être aussi un risque d’avoir plus de formes symptomatiques. » La pédiatre indique qu’elle rappelle aux familles que le risque existe aussi après la maladie.

Le Conseil National Professionnel de Pédiatrie s’est prononcé en faveur de la vaccination des adolescents contre la Covid-19. Ils ont expliqué dans un communiqué de presse prendre en compte « d’une part la contagiosité de delta, et d’autre part la faible fréquence des effets secondaires rapportés, par ailleurs sans conséquence à court et moyen terme, après que plus de 3,5 milliards de doses ont été injectées dans le monde. »