Un iceberg géant formé il y a 39 ans en se détachant de l'Antarctique, qui était à un moment le plus grand du monde, est actuellement en train de fondre dans des eaux devenues plus chaudes, selon les scientifiques.

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Image publiée le 14 janvier 2010 par l'observatoire de la Terre de la Nasa montrant un pont de glace reliant l'iceberg A-23a à la plateforme de glace Ronne-Filchner en Antarctique © NASA/AFP/Archives

En début d'année, ce colosse de glace baptisé A23a pesait près de 1 000 milliards de tonnes et couvrait près de 4 000 km², soit 50% de plus que la superficie du Luxembourg. Mais en dérivant vers le nord, et donc des régions moins froides de l'océan Austral, de gros morceaux se sont détachés. Sa taille est actuellement de 1 770 km², avec une largeur qui atteint jusqu'à 60 km, selon une analyse par l'AFP d'images satellite du service européen Copernicus.

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Carte de la trajectoire de l'iceberg A23a, le plus grand iceberg du monde, de 1986 jusqu'à sa dislocation fin août 2025 au nord de l'île de Géorgie du Sud © AFP Valentin RAKOVSKY, Valentina BRESCHI

"Je dirais qu'il est vraiment sur la fin (...) Il est tout simplement en train de pourrir par la racine. L'eau est bien trop chaude pour qu'il survive. Il est en train de fondre avec constance", a expliqué à l'AFP un océanologue de l'institut de recherche antarctique du Royaume-Uni (British Antarctic Survey), Andrew Meijers. "Je m'attends à ce que cela continue dans les prochaines semaines, et je prévois qu'il sera rendu méconnaissable en l'espace de quelques semaines", a-t-il ajouté.

A23a s'était détaché du continent en 1986 avant de s'échouer en mer de Weddell, où il est resté ancré au plancher océanique pendant plus de trois décennies. En 2020, il s'est remis en route, porté comme d'autres icebergs par le puissant courant circumpolaire antarctique. Il s'est à nouveau échoué en mars 2025, non loin de la Géorgie du Sud, une île britannique de l'Atlantique Sud. La crainte était qu'il menace la subsistance des manchots et otaries. Il a fini sa course en contournant l'île et en gagnant de la vitesse à mesure que les vagues puissantes et les eaux moins froides de cet océan le mettaient à mal.

Les scientifiques ont été "surpris" de le voir tenir aussi longtemps. "La plupart des icebergs ne vont pas aussi loin", étant "condamnés" une fois qu'ils quittent la protection du climat antarctique, a ajouté M. Meijers.

La formation d'icebergs est un processus naturel, et les scientifiques estiment que le rythme auquel l'Antarctique en produit s'est accru, probablement en raison du changement climatique dû aux activités humaines.