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Des alpinistes au glacier de Khumbu sur les pentes de l'Everest, le 2 mai 2021 © AFP/Archives Prakash MATHEMA

Jamais les pentes de l’exploit n’auront été aussi encombrées. Plus de vingt alpinistes veulent se lancer cette année à l’assaut du Shisha Pangma (Chine) pour décrocher leur « Graal » : l’ascension des 14 plus hauts sommets de la planète.

« Cette saison s’annonce comme la plus intéressante de toute l’histoire », résume pour l’AFP, impatient, le chroniqueur allemand Eberhard Jurgalski, qui anime le site 8000ers.com.

Les grimpeurs qui se pressent dans le camp de base de cette montagne de 8,027 m d’altitude, dans le sud de la région autonome chinoise du Tibet, ont déjà tous gravi les 13 autres « 8 000 » des chaînes de l’Himalaya et du Karakoram.

Tous rongeaient leur frein depuis la décision de la Chine, l’an dernier, de suspendre la délivrance des permis pour le Shisha Pangma après la mort de deux Américaines et de leurs sherpas dans une avalanche.

La course à l’exploit a enfin repris cette saison, pour le plus grand bonheur des prétendants.

Depuis la semaine dernière, six des prétendants ont déjà réussi et ajouté leur nom à la liste de ceux — une cinquantaine à peine — qui ont déjà réussi cet improbable marathon des cimes.

Une bonne quinzaine sont prêts à les rejoindre. Du jamais vu en une seule saison…

« Nous sommes une communauté qui grandit, nous venons du monde entier », se réjouit l’un d’eux, le Pakistanais Shehroze Kashif, 22 ans. « C’est une bonne nouvelle, ils réalisent tous leur rêve comme je le fais ».

La conquête des 14 pics de plus 8 000 m a longtemps été l’œuvre de toute une vie. Seize ans ont été nécessaires à la légende italienne Reinhold Messner pour être le premier sur la liste en 1986.

Le rythme de la prouesse s’est depuis largement accéléré. Quelques années à peine. Voire moins.

En 2019, le Népalo-Britannique Nirmal Purja a fait exploser le record de rapidité en plantant son piolet sur les 14 sommets en à peine six mois.

De retour cette année au camp de base du Shisha Pangma pour rééditer son exploit sans oxygène, il a diffusé à la fin de sa campagne un documentaire sur la plateforme Netflix qui a définitivement transformé la course de fond en sprint.

Les progrès des techniques de l’alpinisme, des prévisions météorologiques et surtout du soutien logistique l’expliquent largement.

De nombreux grimpeurs sont désormais encadrés de larges équipes de soutien et se déplacent d’un camp de base à l’autre en hélicoptère, afin de tenter plusieurs ascensions chaque saison.