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On ignore les quantités de sable disponibles dans le monde, et les quantités extraites © Pxhere

Quel est le point commun entre le bâtiment dans lequel vous vivez, le verre dans lequel vous buvez et l’ordinateur sur lequel vous travaillez ? Le sable, un ingrédient clé de la vie moderne, mais étonnamment méconnu : on ignore quelles en sont les quantités, et combien on en extrait chaque année.

Le sable et le gravier constituent pourtant le groupe de matériaux le plus extrait au monde, davantage même que les combustibles fossiles. L’explosion de la demande s’explique par l’urbanisation rapide et la forte croissance démographique, notamment en Chine, en Inde et en Afrique.

Quelque 32 à 50 milliards de tonnes sont utilisées chaque année dans le monde, surtout pour la fabrication du béton, du verre et des produits électroniques. Ce rythme est supérieur à celui du renouvellement naturel du sable, de sorte que d’ici 2050, la demande pourrait dépasser l’offre.

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Fleuve Umngi dans le nord du Bangladesh : à gauche, en 2010, les îles et berges sont solides. Avec le développement de l’extraction, en 2014, l’érosion débute. En 2017, à droite, les sédiments une fois extraits, la profondeur et la rapidité du fleuve ont été bouleversées © Nature/Google Earth

La situation est d’autant plus inquiétante que c’est le sable des fleuves qui est privilégié, car les grains de sable du désert sont trop lisses pour être utilisés dans l’industrie. Mais l’exploitation du sable des fleuves entraîne des conséquences néfastes pour l’environnement ; en Chine, l’extraction du sable de la « rivière des Perles », a fait baisser le niveau des nappes phréatiques – et compliqué l’approvisionnement en eau potable de la région – et endommagé le lit de la rivière, et avec lui la solidité des berges.

Les auteurs du « commentaire » publié dans la revue Nature appellent donc l’Organisation mondiale du commerce et le Fonds des Nations unies pour le développement à mettre en place un dispositif de surveillance des ressources en sable. Valorisation de filières de développement durable, recours à des matériaux alternatifs, recyclage, mise en place d’une instance de gouvernance multilatérale font partie des pistes envisagées.