Le supplice de l’incaprettamento était déjà utilisé au Néolithique
Publié le - par Anaïs Poncet
L’incaprettamento est un supplice où le sujet, sur le ventre avec les genoux fléchis au maximum, a une corde attachée autour du cou et de ses chevilles. Lorsque la fatigue s’installe, les jambes se détendent et provoque l’étranglement de la victime.
Si ce mode opératoire est aujourd’hui utilisé par certaines mafias italiennes, il n’est pour autant pas nouveau. Une équipe française d’anthropologues vient de démontrer qu’il était pratiqué au moins 5 500 ans avant notre ère. Et ce, pendant près de 2 000 ans.
Ce sont des restes humains, trouvés à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), qui ont été particulièrement informatifs. La position des corps, l’absence de graine sur le sol, et l’orientation de la fosse (vers le lever du soleil au solstice d’été et son coucher au solstice d’hiver) sont autant d’indices qui démontrent le côté « sacrificiel humain » du site.
Pour savoir si cette scène était liée à une tradition néolithique à plus grande échelle, l’équipe de chercheurs a examiné la littérature. Ils ont ainsi trouvé 20 cas similaires au total, répartis sur 14 sites s’étendant de l’Europe de l’Est à la Catalogne. Le plus ancien datant de 5400-4800 avant notre ère, et le plus récent de 4050-3534 avant notre ère (notamment celui de la Drôme), ce type d’asphyxie semble avoir persisté en tant que technique sacrificielle pendant plus de 2000 ans.
Le Néolithique a bouleversé les sociétés. Pour se nourrir, ces dernières délaissent la prédation au profit de l’élevage et de la culture. Les rites sacrificiels étudiés ici semblent disparaître aux alentours de 3500 ans avant notre ère, lorsque le mégalithisme se diffuse depuis les côtes atlantiques vers les zones méditerranéennes. Un nouveau chapitre accompagné de changements culturels profonds.