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Charon vue par la sonde New Horizons de la Nasa le 14 juillet 2015 © Nasa TV/AFP/Archives

Le télescope spatial James Webb a permis de découvrir du dioxyde de carbone à la surface gelée de Charon, la plus grande lune de Pluton, ont annoncé des chercheurs mardi dans une étude publiée par Nature Communications. Cette découverte, avec celle d’un autre élément chimique, le peroxyde d’hydrogène, doit aider à comprendre comment ces mondes glacés ont évolué, aux confins du Système solaire.

Pluton a longtemps été considérée comme la neuvième planète de ce système. Jusqu’à la découverte d’astres similaires dans une région au-delà de Neptune, la ceinture de Kuyper, qui l’a vue ravalée au rang de planète naine en 2006. Ces objets sont des « capsules temporelles nous permettant de comprendre la formation du Système solaire », a déclaré à l’AFP Silvia Protopapa, du Southwest Research Institute dans l’Etat du Colorado, aux États-Unis. Charon offre une vue inégalée sur ces mondes car à la différence des autres astres de la ceinture de Kuyper, Pluton inclus, sa surface n’est pas voilée par des glaces très volatiles comme le méthane, a aussi expliqué cette première autrice de l’étude.

Charon, la plus grande des cinq lunes de Pluton, avec un diamètre d’environ 1 100 km, a été découverte en 1978. En la survolant en 2015, la sonde New Horizons de la Nasa a montré une surface couverte de glace d’eau et d’ammoniaque, supposée lui donner un aspect rouge et gris. Elle a aussi montré des remontées de matière depuis le sous-sol. Ce qui a suggéré aux chercheurs la présence de dioxyde de carbone (CO2), un gaz essentiel au développement de la vie sur Terre.   

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Vue d’artiste de la sonde New Horizons devant Pluton avec sa lune Charon derrière, dans une photo distribuée par la Nasa le 7 juillet 2015 © Nasa/AFP/Archives

Les objets de la ceinture de Kuyper sont censés s’être formés à partir du disque protoplanétaire, un grand anneau de poussière et de gaz qui ceinturait le jeune Soleil il y a 4,5 milliards d’années. Ce disque protoplanétaire, qui est sans doute aussi à l’origine de la création de la Terre, a pu contenir du CO2. Mais la sonde New Horizons n’en avait pas détecté de trace. 

Cette « question ouverte » a reçu une réponse avec le télescope James Webb, dont les capacités de détection sont plus grandes. Cette conclusion permet d’imaginer que si on mettait le pied à la surface de Charon, ce serait sur un mélange de glace d’eau et de glace carbonique, la forme solide du CO2. De façon surprenante, le télescope spatial a aussi détecté du peroxyde d’hydrogène, selon Silvia Protopapa. Utilisé sur Terre comme désinfectant, sa présence sur Charon suggère que sa surface est altérée par les rayons ultra-violets et les vents solaires.

La découverte de ces matières apporte « une autre pièce au puzzle » visant à éclaircir le fonctionnement de ces mondes lointains et la genèse du Système solaire, selon la chercheuse.