Image légendée
Image d’illustration d’un écureuil à Berlin en 2020 © AFP/Archives David Gannon

Les bonds acrobatiques des écureuils dépendent de calculs complexes réalisés en une fraction de seconde. Ces rongeurs développent ainsi des stratégies surprenantes, ressemblant parfois à celles utilisées dans la discipline urbaine du parkour, selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la revue Science.

Des scientifiques de l’université UC Berkeley ont construit des courses d’obstacles sur mesure afin de mieux comprendre comment les écureuils ajustent leurs mouvements en vol pour éviter des chutes fatales. Ils espèrent que ces recherches pourront aider à un jour développer des robots plus agiles. « Les écureuils présentent une combinaison de caractéristiques qui les rend très intéressants : d’une part, leur nature acrobatique, leur mécanique biologique et leurs muscles puissants, qu’ils peuvent utiliser pour des bonds faisant plusieurs fois la taille de leur corps », a expliqué à l’AFP Nathan Hunt, auteur principal de l’étude. « D’autre part, leurs capacités cognitives. Ils ont une très bonne mémoire, sont créatifs et excellent à trouver les solutions à des problèmes », a-t-il ajouté.

L’équipe de chercheurs a utilisé des cacahuètes pour les attirer. Des perchoirs ont été installés pour simuler des branches d’arbres, forçant les animaux à des sauts de distances variées pour recevoir leur récompense. Les scientifiques souhaitaient observer la façon dont les écureuils prennent leurs décisions face à un compromis difficile : s’approcher du bord des perchoirs réduisait la distance à sauter mais compromettait leur stabilité, tout en réduisant la force de propulsion pouvant être utilisée, puisque la plateforme devenait alors instable. 

Résultat : les écureuils préféraient s’élancer depuis la base du perchoir, surtout lorsque les « branches » étaient les moins rigides. La flexibilité des perchoirs s’est finalement révélée six fois plus importante dans leur prise de décision que la distance à franchir. Aucun écureuil n’est tombé durant l’expérience, grâce à différentes stratégies – et à leurs griffes aiguisées.

Innovation surprenante : pour les sauts les plus difficiles, au lieu de viser directement la cible, les écureuils se servaient du mur latéral comme étape pour « rebondir », semblant ainsi utiliser une technique de parkour, cette discipline popularisée par les Yamakasi en France dans les années 1990. 

Lorsque les écureuils sont pris en chasse par des rapaces, leur fuite peut se jouer à quelques centimètres, ce qui est probablement la raison de leur grande agilité, selon Nathan Hunt. « C’est drôle de publier cette étude, parce que les gens regardent très souvent les écureuils dans leurs jardins », dit-il. Et lui-même ne peut s’empêcher d’avoir d’autres idées d’expériences en les observant, confie-t-il.