Un premier vol orbital « cette année » de la méga-fusée Starship de SpaceX
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Le patron de SpaceX, Elon Musk, a détaillé jeudi soir les dernières avancées techniques de sa fusée géante Starship qui doit atteindre l’espace pour la première fois « cette année », sans pour autant annoncer de nouveaux projets de missions ni de date ferme pour ce premier vol orbital. Le milliardaire s’exprimait depuis la base spatiale de l’entreprise, nommée Starbase et située à l’extrême sud du Texas. C’est là qu’est développée cette impressionnante fusée destinée à des voyages interplanétaires, notamment vers Mars.
L’événement revêtait une importance particulière depuis que ce véhicule a été sélectionné par la Nasa pour être celui qui conduira les prochains astronautes sur la surface de la Lune. Devant un parterre d’invités et de journalistes, Elon Musk n’a annoncé aucune surprise fracassante lors d’une prise de parole de plus d’une heure, pourtant très attendue par les mordus d’espace.
Seule vraie nouveauté : il a confirmé que SpaceX construisait une tour de lancement pour Starship à Cap Canaveral, en Floride, d’où sont déjà lancées les fusées Falcon de SpaceX.
Le patron a listé les premiers projets attendant Starship : lancements de satellites et missions vers la Lune, dont l'une privée avec à bord le milliardaire japonais Yusaku Maezawa. M. Musk a laissé entendre que d'autres missions seraient bientôt révélées. « Il y aura de futures annonces qui, je pense, vont enthousiasmer les gens », a-t-il déclaré.
En guise de décor, le vaisseau Starship - entièrement noir - était monté sur son propulseur argenté, le premier étage de la fusée, nommé Super Heavy. L'engin mesure 120 mètres de hauteur, 9 mètres de diamètre et sera capable d'emporter quelque 100 tonnes en orbite. Ce lanceur n'a encore jamais volé dans cette configuration complète (également appelée Starship par raccourci), avec ses deux étages.
Elon Musk avait promis un premier test orbital pour janvier ou février 2022. Mais l'échéance a été dépassée. L'entreprise attend le feu vert de l'autorité américaine de l'aviation (FAA) qui doit d'abord étudier les conséquences environnementales des opérations. Une décision doit être rendue fin février. « Je suis optimiste sur le fait que nous allons avoir cette autorisation », a déclaré Elon Musk.
Mais SpaceX se prépare malgré tout à transférer ses opérations en Floride en cas de besoin. Starbase deviendrait alors dédié à la recherche et au développement. « Dans le pire des cas, nous serons retardés de six à huit mois pour construire la tour de lancement à Cap (Canaveral), et décoller de là », a assuré le patron, coutumier des annonces de calendrier très optimistes. « Je suis très confiant sur le fait que nous irons en orbite cette année », a-t-il martelé.
Starship seul a déjà effectué plusieurs vols suborbitaux : après quelques tests s'étant terminés par d'impressionnantes explosions fin 2020 et en 2021, SpaceX a finalement réussi à faire atterrir le vaisseau. Mais il n'allait alors qu'à environ 10 km d'altitude.
La Nasa a choisi de miser sur Starship pour devenir l'alunisseur utilisé dans le cadre de son programme Artémis de retour sur la Lune.
Une version du vaisseau devra être en amont placée en orbite autour de la Lune et les astronautes arrivant à bord de leur capsule (propulsée séparément par une fusée) y embarqueront afin qu'il les emmène et les ramène de la surface lunaire, en 2025 au plus tôt.
Pour accomplir le voyage, l'alunisseur devra auparavant être rempli de carburant directement dans l'espace, en orbite proche de la Terre, par d'autres vaisseaux Starship venus le ravitailler. Un transfert hautement périlleux qu'Elon Musk a dit vouloir tester dans les deux ans à venir.
La grande nouveauté de cet engin est qu'il doit être entièrement réutilisable : non seulement le vaisseau Starship, mais aussi Super Heavy, doivent être récupérés après chaque vol.
Il s'agit là de la stratégie d'Elon Musk pour casser les prix. Chaque vol coûtera seulement « quelques millions de dollars », en tout cas « moins de dix millions », a-t-il assuré, contre des dizaines pour Falcon 9 actuellement et qui est en partie récupérée sur Terre. Un impératif, car le milliardaire estime que les humains auront besoin de centaines de fusées Starship pour un jour devenir une espèce multi-planétaire, en s'installant sur Mars.
Cette « assurance vie » pour l'humanité est selon lui indispensable, au vu des menaces pesant sur elle sur notre seule Terre. « Starship est capable de faire cela, d'apporter un million de tonnes à la surface de Mars et de créer une ville autonome », a-t-il affirmé. Et « je pense que nous devrions le faire dès que possible. »