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Paysage rocheux de Corrall Bluff au Colorado ©HHMI Tangled Bank Studios

On pensait que le site de Corral Bluff au Colorado n’avait plus rien à offrir aux paléontologues. C’était sans compter sur l’intuition de Tyler Lyson et Ian Miller, chercheurs au Musée de la nature et des sciences de Denver. S’inspirant de techniques de fouilles utilisées en Afrique du Sud, les deux scientifiques ont recherché non pas des ossements, mais des concrétions géologiques, un type de roche particulier se formant autour d’un noyau organique... parfois constitué d’ossements.

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Une concrétion ouverte en deux révèle un crâne de vertébré ©HHMI Tangled Bank Studios

Les chercheurs ont eu le nez fin. Cette nouvelle approche a permis de mettre au jour un véritable trésor : un millier de fossiles de vertébrés, 6 000 fossiles de plantes, et plus de 37 000 grains de pollen, datés entre 66 et 65 millions d’années. En combinant quatre paramètres clés – animaux, plantes, température, et une datation précise, cette collection permet de dresser un tableau inédit et cohérent de la période suivant l’extinction Crétacé-Paléogène qui a vu disparaître 75 % des espèces vivantes dont l’ensemble des dinosaures non aviens.

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Fossiles de cranes et mâchoires de mammifères extraits sur le site de Corral Bluff ©HHMI Tangled Bank Studios

1 000 ans après l’impact d’un astéroïde massif, les chercheurs décrivent une Terre riche en fougères, où les plantes à fleurs produisant des fruits ou des graines sont rares. Dans un monde comme celui-ci, aucune espèce de mammifère plus gros qu’un rat ne peut survivre.

Il faut ainsi attendre l’émergence des palmiers, 100 000 ans plus tard, puis celle des fruits à coque pour observer la diversification des mammifères et leur augmentation de taille. Carsioptychus coarctatus, 300 000 ans après l’impact, présente par exemple un poids similaire à celui d’un castor. Après 700 000 ans, les légumineuses apparaissent, stimulant plus encore l’évolution des mammifères. Certaines espèces pèsent alors jusqu’à 50 kg.

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Reconstitution d’un Carsioptychus coarctatus, un mammifère qui vivait il y a environ 300 000 ans après l’extinction des dinosaures © HHMI Tangled Bank Studios

Ces fossiles montrent l’étonnante rapidité à laquelle se restaure un écosystème après une extinction de masse. Ils constituent désormais une collection de référence dans l’étude de cette période géologique, mais ils sont loin d’avoir livré tous leurs secrets. De futures analyses portant sur les crânes, les membres ou les conduits auditifs internes apporteront encore de précieuses informations sur l’alimentation, la force, les mouvements et les habitudes de ces espèces.