Une marque anatomique de domestication identifiée grâce au sanglier
Publié le - par Kassiopée Toscas
Les débuts de la domestication d’animaux sauvages sont longtemps restés un mystère pour les archéozoologues, car les conséquences de l’apprivoisement – modifications génétiques et morphologiques des animaux dues à la sélection des individus par l’humain – apparaissent seulement après plusieurs générations. Impossible donc de remonter aux premières mises en captivité d’animaux sauvages.
En utilisant le sanglier comme modèle expérimental, une équipe pluridisciplinaire du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle est toutefois parvenue à identifier une marque de captivité dans l’ossature de l’animal, au niveau du calcanéum, un os du tarse (partie postérieure du squelette du pied) qui joue un rôle propulseur.
La forme du calcanéum dépend du mode de vie de l’animal : l’os est remodelé en fonction des sollicitations musculaires et du terrain. C’est principalement au niveau des insertions musculaires que les calcanéums des sangliers diffèrent. Étonnamment, les sangliers ayant grandi en captivité déployaient une force musculaire plus intense que celle des sangliers évoluant en milieu naturel. Les scientifiques du CNRS et du MNHN parlent d’un « mode de vie captif qui aurait changé des coureurs de fond en bodybuilders ».
Cet os, dont la densité permet une bonne conservation, est présent chez tous les mammifères. Il offrira ainsi aux archéologues un moyen de documenter la première phase de domestication d’animaux sauvages à partir de leurs ossements. Attestant de la rapidité des changements morphologiques d’un animal extrait de son milieu naturel, ces résultats pourraient aussi profiter aux programmes de réintroduction en milieu sauvage d’animaux élevés en captivité.