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Onze ONG de protection de l’environnement lancent une campagne et une pétition contre l’abaissement du statut de protection du loup dans l’UE, jugeant que cela mettrait en péril la survie d’une espèce déjà vulnérable © AFP/Archives Olivier Morin

« La coexistence avec le loup est possible »: onze associations de protection de l’environnement ont plaidé mardi contre l’abaissement du statut de protection du loup dans l’Union européenne (UE), jugeant que cela « mettrait en péril la survie d’une espèce déjà vulnérable, sans résoudre les difficultés » rencontrées par les éleveurs.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait mis en garde en septembre 2023 contre « le réel danger » des meutes de loups dans l’Union européenne, ouvrant la voie à une révision du statut de protection pour cet animal. Les onze associations - WWF, FNE, LPO, UICN, ASPAS, Humanité & Biodiversité, SNPN, SFEPM, Ferus, OPIE et SHF - lancent en réponse une campagne et une pétition appelant « à rejeter sans ambiguïté » cette proposition, qu’elles ne jugent « ni nécessaire, ni justifiée ».

Citant l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), elles soulignent que « six des neuf populations de loups présentes dans l’UE sont vulnérables ou quasi-menacées ». Par ailleurs, « le loup ne peut pas être rendu responsable de toutes les difficultés de l’élevage qui sont d’abord d’ordre économique », a indiqué mardi Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), lors d’une conférence de presse.

« Détruire les loups ne doit pas être la seule solution », comme le présentent certains représentants agricoles tels que la FNSEA, et « ne résoudra rien », surtout que « depuis quelques années l’augmentation de la population de loups est décorrélée de la hausse des dommages sur les troupeaux », a abondé Jean-David Abel, vice-président de France nature environnement (FNE). Selon lui, on est passé de 33 victimes par loup présent en 2017, à 11 l’an dernier, « ce qui témoigne de l’efficacité des mesures de protection des troupeaux quand elles sont bien mises en place ». Le loup n’apparaît ainsi qu’en 11e position dans les causes de mortalité prématurée des troupeaux, derrière les maladies ou les parasites par exemple, soulignent aussi les ONG.

En voulant réviser le statut de protection du loup, « la Commission met également en danger d’autres espèces : plusieurs pays se sont déjà ainsi engagés dans la brèche pour demander le déclassement de l’ours et du lynx », ajoutent les associations dans un communiqué. « On est sur un détricotage dangereux ».

En vertu de la directive européenne Habitats de 1992, la plupart des populations de loups en Europe bénéficient d’une « protection stricte », assortie de possibilités de dérogations. La Commission propose de passer au statut de « protection simple », plus souple et permettant d’éliminer des loups plus facilement, notamment en instaurant des quotas de chasse. Réclamée par des éleveurs dans plusieurs pays, cette proposition doit encore être approuvée par les États membres de l’UE, puis par la Convention de Berne qui pourrait rendre une décision en fin d’année.

Pour leur part, les associations demandent à la France de la rejeter formellement et de favoriser « l’application des solutions déjà existantes de cohabitation entre loups et éleveurs ». Elles citent ainsi la protection des troupeaux avec chiens de protection, bergers et clôtures efficaces, ainsi que la mise en place de bénévoles pour la surveillance des troupeaux de nuit. « Quand cela a été fait, il y a zéro attaque », assure l’association Ferus qui a mis en place des expérimentations en ce sens. Les tirs ne devraient intervenir qu’en « ultime recours » si l’effarouchement a échoué, estiment les défenseurs de l’environnement.

En France, le Plan loup pour 2024-2029 publié en février prévoit d’augmenter les indemnisations pour les éleveurs, avec en parallèle une simplification des conditions de tirs. Les associations y sont farouchement opposées.