Fukushima, des particules et des hommes
Module 5
Comment s’y retrouver dans les normes ?
Kimura Shinzo
05:00:42:15
On entre maintenant dans la zone interdite.
On va dans la ville de Futaba. Elle est presque au centre de cette zone interdite. C’est à
Futaba que se trouvent les réacteurs 5 et 6 de la centrale de Fukushima Daiichi.
Voilà le poste de contrôle, préparez vos papiers.
Commentaire
05:01:09:12
En 2011, dans l’urgence de l’accident, les autorités japonaises ont tracé un périmètre
d’évacuation obligatoire de 20 km autour de la centrale. Aujourd’hui, en fonction de la
réalité de la pollution radioactive la région est divisée en trois zones.
La zone rouge, où la dose annuelle de radiation dépasse 50 milli‐Sievert. Cette zone est
strictement interdite.
La zone orange, où la dose de radiation peut dépasser 20 milli‐Sievert par an. On peut y
venir la journée, mais il est interdit d’y passer la nuit.
La zone verte, qui devrait descendre en dessous du seuil de 20 milli‐Sievert. Le retour
des habitants y est envisagé.
En dehors de ces trois zones administratives, le gouvernement considère que la
radioactivité est acceptable et sans danger.
05:02:19:09
A Futaba, dans la zone interdite, l’accès est réservé aux scientifiques. On ne peut rester
que quatre heures. Ici, par endroits, les taux de radioactivité sont définitivement hors
normes.
Kimura Shinzo
05:02:35:01
Entre 17 et 18.
Autre scientifique
05:02:38:20
92,5.
Kimura Shinzo
05:02:50:06
Entre 100 et 115.
Marie Augendre
05:02:56:05
Pour le citoyen, la norme peut avoir un effet rassurant. C’est une valeur de référence. Il
est toujours important et pratique d’avoir des références. Ce qui a été très compliqué,
dans l’après‐accident de Fukushima c’est que les normes internationales ont volé en
éclats, alors qu’elles étaient censées garantir une certaine uniformité et un consensus
autour de la radioactivité. C’est‐à‐dire que la norme, le seuil de 1 milli‐sievert, qui est le
seuil limite acceptable en temps normal, a été passé à 20, qui est une valeur… on va dire
faible en cas d’urgence nucléaire, mais ce 20 a été maintenu, en fait, sur le long terme.
C’est toujours la valeur en vigueur.
Surtout, ce qui a beaucoup choqué les populations sur place, c’est que ce 20 milli‐
Sieverts s’est appliqué de façon indifférenciée aux enfants comme aux adultes.
La valeur de 20 milli‐Sieverts est, en temps normal, la valeur seuil. Pour les travailleurs
du nucléaire :20 milli‐Sieverts par an, au maximum.
C’est‐à‐dire que, en quelque sorte, on a considéré que tous les habitants vivaient comme
24 heures sur 24 dans une centrale.
Mme Ookoshi
05:04:16:01
On nous a donné un potiron, on l’a fait mesurer.
Kimura
Celui à 8 Becquerels ?
Mme Ookoshi
Oui, celui‐là. On nous a dit qu’on pouvait le manger, mais Grand‐Père n’a pas voulu.
Kimura
C’est nous qui l’avions mesuré, il faut nous faire confiance. Il n’y avait pas de problème.
Grand‐Père
Et les champignons maitake ?
Kimura
Ah les maitake… ceux‐là, non, il y avait 700 Becquerels. Vous les avez mangés ?
Grand‐Père
Oui, on les a mangés ce midi.
Mme Ookoshi
On va être contaminés !
Kimura
Oui, vous allez être contaminés. Vous les aviez ramassés vous‐mêmes ?
Mme Ookoshi
Oui, ce sont les champignons qui poussaient sous les pins.
Kimura
Ah, il ne fallait pas les manger !
Prof Fukumoto
05:05:13:07
La science et la réglementation sont deux choses totalement différentes.
L’administration se doit de tracer une ligne pour réglementer. Mais lorsqu’on me
demande si on est en sécurité au‐dessous de cette limite je réponds que je n’en suis pas
certain.
Si on vous dit qu’il n’y a aucun problème pour 100 Becquerels par kilo mais qu’on vous
propose de manger quelque chose qui a été mesuré à 90 Becquerels par kilo, est‐ce que
vous en voudrez ?
Réalisation :
Gil Rabier , Claude-Julie Parisot
Production :
Universcience, Kami productions, Inserm
Année de production :
2015
Durée :
6min10
Accessibilité :
sous-titres français