FILM : « Des champignons guérisseurs » Voix off : Pourquoi les forêts ne produisent-elles pas de déchets ? Comment se fait-il que tous ces débris de branches et de feuilles se recyclent en permanence ? Ce sont les organismes présents dans la litière des sols qui le permettent comme les vers, les insectes et les champignons. On compte ainsi des milliers d’espèce de champignons dans le monde. Chercheur 1 : Cette ferme est un peu différente des autres parce que nous ne cultivons pas des légumes ou des fruits. Nous cultivons des champignons dans un but de dépollution des sols. Chercheur 2 : Les champignons, en forêt, recyclent la matière sur elle-même et transforment cette matière morte en nutriments à nouveau admissibles par les plantes. C’est exactement ce que nous essayons de faire dans Polypop. Ce qu’il y a de remarquable chez les champignons, c’est presque tout. Ils sont capables de faire en forêt ce que nous, les hommes, nous avons grand peine à réaliser dans nos sociétés humaines : recycler la matière sur elle-même, faire des tas d’autres choses qui permettent aux écosystèmes de se développer et de vivre de façon pérenne et durable. Chercheur 1 : Ce qu’on voit, le champignon, ce n’est que le fruit. En fait, Il y a un réseau mycélien dans le sol qui est gigantesque et qui a des propriétés qui sont extraordinaires dont certaines peuvent être utilisées à des fins de dépollution. Chercheur 2 : Le mycélium a des propriétés véritablement étonnantes. Dans la forêt, c’est lui qui gère le cycle des déchets. Toute matière organique, qui tombe au sol, est immédiatement retraitée par les champignons. Voix off : Les facultés biochimiques des champignons peuvent être mises au service de la dépollution des sols. C’est ce qu’on appelle la mycoremédiation. Chercheur 2 : En forêt, les champignons sont capables de dégrader le bois mort. Et bien cette faculté, on peut l’utiliser pour que les champignons dégradent des hydrocarbures. C’est à dire des produits pétroliers. Chercheur 1 : Ce que nous faisons, c’est que nous utilisons des déchets, des déchets agricoles, par exemple, et nous y incorporons le mycélium. Il transforme ces déchets en une matrice que nous appelons un substrat. Nous amenons ensuite ce substrat sur un site pollué et le champignon qui est dans le substrat va pouvoir coloniser le milieu pollué et faire son travail de dépollution. En dépollution, le champignon agit de deux façons différentes. Il peut accumuler, hyper-accumuler dans le chapeau, donc dans le fruit, les métaux lourds, la radiation, ce genre de chose ou alors le mycélium, donc ce réseau dans le sol, peut casser les longues molécules carbonées qui sont par exemple les hydrocarbures lorsqu’elles sont produites par les humains. Chercheur 2 : Alors, les résultats de nos recherches sont enthousiasmants, puisque les résultats que nous avons eus en laboratoire permettent de vérifier que les champignons sont capable de dépolluer les sols. Eh bien, ces hypothèses se sont confirmées, sur sites, dans des conditions de chantier. Chercheur 1 : Le deuxième résultat est un résultat écologique. Ces terres ne sont pas uniquement nettoyées, mais elles sont aussi nourries par ces champignons qui vont rester dedans une fois leur travail achevé. Chercheur 2 : Travailler avec le vivant directement induit une collaboration avec lui. On n’exploite pas les champignons, on travaille avec eux. Il faut beaucoup d’humilité pour arriver à ce résultat, pour comprendre comment fonctionne la forêt au lieu de savoir comment on va l’exploiter. On a encore beaucoup à apprendre des champignons, essentiellement parce que le travail d’identification, qui a été fait jusqu’à présent, a permis de sélectionner 70000 espèces, souches de champignons. On estime qu’il y en aurait entre 1 et 4 millions. Autant dire que le travail à réaliser est encore long. Mais ce travail d’identification n’est pas le seul. Il faut aujourd’hui comprendre le rôle, la raison pour laquelle ces champignons collaborent avec le reste du vivant et lui permettent de fonctionner. Et ce travail, finalement, de sociologie de la vie débute tout juste aujourd’hui et offre des perspectives de recherches encore très lointaines, profondes et qui vont totalement modifier notre société. Chercheur 1 : Le champignon est dans l’avenir de l’homme, ça c’est sûr. Il était là avant nous. Il sera là après nous. Il serait bon que nous apprenions à vivre avec lui. Voix off : Grâce aux propriétés extraordinaires des champignons, nous pouvons aussi envisager de nouveaux matériaux, et réfléchir également à des processus collaboratifs puisque le mycélium permet à des arbres d’espèces différentes de communiquer entre eux.
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2015
Durée :
4min48
Accessibilité :
sous-titres français