FILM : « Un moteur plus humain » Voix off : Quand nous courons, comme ces athlètes, les uns très vite sur du sprint et les autres longtemps sur une course d’endurance, nous n’utilisons pas les mêmes métabolismes biologiques pour produire cet effort et consommer de l’énergie. La connaissance précise des performances physiques, liées au déplacement chez l’homme, ne pourrait-elle pas s’appliquer aux voitures dans un futur proche ? Chercheur 1 : Pour avancer, on a besoin de carburant. On brûle des sucres, des graisses et des protéines si on en a besoin. Donc, tout de suite quand on démarre si on fait quelque chose de lent et long, on va plutôt utiliser le carburant graisse lipide. Si on accélère, on va passer sur nos sucres. La source aérobie, c’est la capacité à brûler, oxyder, utiliser de l’oxygène pour pouvoir brûler les sucres et les graisses avec une production à la sortie de gaz carbonique CO2 et d’eau. Alors, le mode anaérobie, c’est notre deuxième moteur de secours, anaérobie ca veut dire sans oxygène, qui va nous permettre de temporiser l’effort, de pouvoir continuer à produire un effort. Il suffira de décélérer un tout petit peu pour pouvoir réoxyder les sucres et à ce moment-là revenir au mode aérobie. Donc, la variation de vitesse permet de fonctionner à la fois en aérobie et en anaérobie sans fatiguer. Alors, on a souvent cru que pour courir vite et longtemps, il fallait utiliser que l’aérobie. Et c’est idiot parce que, en fait, si on utilise bien les deux en harmonie, on peut tirer profit de chacun d’eux. Nous sommes arrivés à gagner, à faire gagner, énormément de temps sur le marathon de Paris de cette année. Par exemple, de 4H à 3H30, les spécialistes apprécieront, grâce à cette variation de vitesse puisque jusqu’alors on pensait que, pour courir un marathon, il fallait courir à vitesse constante. La variation de vitesse, c’est la capacité à pouvoir jouer sur tous les moteurs. On va accélérer, décélérer, accélérer décélérer. Chercheur 2 : Nous avons travaillé avec Camila Freitas Salgueiredo, une jeune thésarde dont la démarche innovante a consisté à rechercher dans le domaine du vivant quels sont les concepts ou les processus qui permettent d’optimiser l’utilisation de l’énergie. Chercheur 3 : On est parti vraiment d’une question liée à l’automobile, la réduction des émissions de CO2, et on a essayé de trouver parmi les systèmes du vivant s’il y avait vraiment des systèmes optimisés d’un point de vue énergétique. Nous avons découvert, grâce à notre collaboration avec Véronique Billat, tout un monde : la performance sportive. Les sportifs, ils essaient d’optimiser leur énergie pour aller le plus loin possible par exemple dans une course d’endurance où pour faire la plus courte distance dans le moins de temps possible. Donc, il y a vraiment une certaine flexibilité et une adaptabilité que pour nous dans l’automobile était très intéressante. Voix off : Cette approche innovante bio-inspirée peut être illustrée avec le prototype EOLAB car elle ouvre de nouvelles voies pour la conception de véhicules hybrides. Chercheur 2 : Ce prototype, il est capable de faire moins de 1 litre aux 100 km. Le moteur thermique pouvant être associé à une énergie de type aérobie puisqu’il utilise le mélange air et carburant. Le moteur électrique pouvant être associé à l’énergie anaérobique puisque c’est une énergie immédiatement disponible en faible quantité, mais capable de produire une grande puissance. Chercheur 3 : Véronique Billat, elle a proposé que les coureurs, pour les courses au delà de 1500 mètres, que les coureurs à la place de faire une course à vitesse constante, que se serait mieux qu’ils fassent des oscillations, de variations de vitesse. Donc, nous avons comparé quelle était la consommation de carburant à vitesse constante et à vitesse variable. Et nous nous sommes rendus compte que, en effet, pour la voiture la vitesse variable permet de réduire la consommation. Chercheur 2 : Les bienfaits de ces recherches, ca va être de pouvoir appliquer des solutions nouvelles qui sont pas forcément technologiques mais qui relèvent de la stratégie de gestion de l’énergie pour gagner quelques % sur les véhicules du futur. Il va y avoir une croissance du marché de l’automobile qui va se poursuivre qui fait que la réduction de la consommation des véhicules et des émissions de CO2 est quelque chose d’incontournable pour le futur. Chercheur 3 : Ce que nous avons montré surtout avec ces travaux de recherche, c’est que le vivant, finalement, il n’est pas une collection de solutions. Il est plus un indicateur pour nous montrer quelles sont les connaissances que, nous les ingénieurs, on n’exploite finalement pas ou très peu. Voix off : Le biomimétisme, c’est aussi s’inspirer de l’homme dont la morphologie et la biologie uniques peuvent être de nouvelles pistes de recherches.