Luc Douay, Hématologue
-Chaque année, dans le monde, sont transfusées plus de 100 millions de poches de sang.
Ç a a l'air considérable mais c'est insuffisant parce que 40 % de cette consommation est faite par les pays développés, comme l'Europe ou les États-Unis.
Premier point.
Deuxième point, nous vieillissons, ce qui est une bonne chose.
Ceci veut dire que dans les prochaines décennies, la population qui aura plus de 60 ans sera majoritaire.
L'implication est que les maladies qui vont nécessiter un traitement par transfusion sanguine auront une plus grande incidence.
Comme les donneurs ne pourront pas donner jusqu'à des âges avancés, 80, 85 ans, inéluctablement, dans les prochaines décennies, dans vingt ou trente ans, on va avoir un problème d'approvisionnement.
On n'a jamais eu de problèmes d'approvisionnement dans nos pays.
Nous n'en avons pas aujourd'hui mais nous en aurons probablement demain.
La transfusion sanguine aujourd'hui repose sur le don du sang, qui, dans notre pays, est anonyme, gratuit, bénévole.
Ce n'est pas le cas partout.
Certains pays ne disposent pas d'une transfusion qui soit quantitativement suffisante pour répondre aux besoins et qualitativement satisfaisante, notamment vu la difficulté d'obtenir des moyens financiers pour réaliser les tests nécessaires que nous faisons dans les pays développés.
Il y a en effet des enjeux économiques importants : un enjeu sociétal, il faudra trouver une nouvelle source, et permettre à l'ensemble de la population de disposer de transfusions sanguines.
La situation est différente dans les pays développés, où nous n'avons pas de problèmes d'approvisionnement, sauf dans des périodes difficiles, comme pendant les vacances, où les gens sont moins disponibles.
En revanche, comme nous transfusons beaucoup nos patients, autant que nécessaire, nous constatons que plus un patient reçoit de transfusions, plus il s'immunise contre ces globules qu'on lui transfuse.
À un moment, il est tellement immunisé qu'on a du mal à trouver du sang compatible.
Les globules rouges que nous fabriquons en laboratoire ont une caractéristique étonnante, qui est de répondre à la plupart des situations de compatibilité imposées par les groupes sanguins.
À la surface d'un groupe sanguin, il y a une trentaine de familles différentes.
On connaît le système ABO ou Rhésus mais il y a trente familles, plus de 300 antigènes différents.
Il faut pouvoir répondre à cette situation.
Grâce aux cellules souches qui permettent de choisir le donneur de cette source cellulaire, selon les caractéristiques de son groupe sanguin, nous avons parfaitement calculé et évalué que pour la France, nous pourrions, grâce à trois donneurs simplement, répondre à plus de 99 % des situations de compatibilité.