Antoine Flahault
Épidémiologiste
-Aujourd'hui, deux phénomènes peuvent paraître paradoxaux, mais ils sont complémentaires : il y a une augmentation du nombre des épidémies de maladies émergentes, de maladies infectieuses nouvelles, depuis une cinquantaine d'années.
De bons articles scientifiques l'ont démontré.
On pourrait penser que c'est parce qu'on les surveille plus ou qu'on a plus de moyens pour les identifier, et donc que c'est lié à l'amélioration de la science.
Non. On sait qu'il y a une augmentation du nombre de foyers infectieux de nouvelles maladies.
Très probablement pour de multiples raisons, notamment la démographie qui explose.
Plus vous avez d'êtres humains en promiscuité, plus vous avez des risques de foyers d'émergence épidémique, et aussi avec ces liens de plus en plus étroits entre des animaux qui jusqu'à présent vivaient en vase clos et qui sont de plus en plus en contact avec la population humaine, vu qu'il y a de moins en moins de zones vierges.
Donc, plusieurs phénomènes concourent à l'augmentation de ces pathologies.
Le paradoxe, mais c'est une bonne nouvelle, c'est qu'il y a une diminution constante, depuis le début du XXe, de la mortalité par maladie infectieuse.
Il y a plus de maladies, mais moins de décès, donc de complications, car on sait de mieux en mieux les traiter.
C'est les progrès de la science, de la médecine.
Et dans les déterminants de la santé, la réduction de la pauvreté a été cruciale. Aujourd'hui, il y a peu de raisons de mourir de la dengue ou du choléra.
On en meurt dans des pays où il n'y a pas d'infrastructures sanitaires.
C'est une grosse diarrhée.
Il n'y a pas de raison d'en mourir, car des possibilités de réanimation permettent de lutter contre les complications.
Alors, il faut retenir qu'on ne va pas vers une diminution des maladies infectieuses, on en a de plus en plus.
En revanche, dans le palmarès des grandes causes de mortalité, les maladies infectieuses, y compris dans le monde en développement, régressent.