"Institut du cerveau et de la moelle" Narrateur.
-Jacqueline Nadel, professeur de psychopathologie, a démontré que l'imitation est la pierre angulaire de la communication, y compris dans l'autisme.
Jacqueline Nadel, directeur de recherche CNRS, centre Émotion, La Pitié-Salpêtrière.
-L'imitation dans sa simplicité est une espèce de détour pour comprendre combien l'autre est important parce qu'il est important pour soi, pour se voir soi, pour comprendre ses propres intentions, ses propres actions, etc.
Je crois que ça réveille un intérêt pour soi chez la personne avec autisme, qui comprend par là qu'il faut passer par le détour de l'autre pour avoir une vision de soi-même.
Narrateur.
-Que se passe-t-il dans le cerveau de deux personnes qui s'imitent ?
Avec l'aide de Guillaume Dumas, neuroscientifique, Jacqueline Nadel mène une expérience encore jamais réalisée : ils vont enregistrer simultanément le cerveau de deux personnes en situation d'imitation.
Les participants sont assis dans 2 cabines séparées, les avant-bras appuyés sur une petite table.
On leur installe des électrodes sur la tête.
Guillaume Dumas, neuroscientifique.
-Préparez-vous.
L'essai va commencer.
Regardez l'écran sans bouger.
Commencez à bouger vos mains.
Narrateur.
-Guillaume Dumas va enregistrer simultanément les ondes cérébrales des participants pour voir s'ils se synchronisent quand ils s'imitent.
Un écran vidéo permet à chacun de voir les mouvements que fait l'autre.
Deux caméras synchronisées captent les gestes de chacun.
On demande aux deux participants de bouger continuellement les mains.
Guillaume Dumas, neuroscientifique.
-Continuez à bouger vos mains et imitez quand ça vous plaît.
Narrateur.
-À tour de rôle, chacun imite son partenaire quand il en a envie.
En alternance, on est modèle, puis imitateur.
Celui qui imite peut changer de rôle et proposer un mouvement que l'autre va imiter à son tour.
Les chercheurs ont montré que, lorsque l'on fait la même chose en même temps, les cerveaux se synchronisent aussi.
Les mêmes ondes cérébrales sont activées chez les deux partenaires.
Les courbes noire et rouge représentent les ondes cérébrales des participants.
Dans la zone verte, les gestes sont synchrones, et dans la zone bleue, ils ne le sont pas.
Lorsqu'ils sont synchrones, on voit que les ondes du cerveau se synchronisent.
Suite à cette découverte, Jacqueline Nadel a eu l'idée de faire s'imiter une personne au développement typique et une ayant un syndrome d'Asperger, une forme d'autisme sans déficit intellectuel.
Leurs cerveaux se synchronisaient aussi.
Jacqueline Nadel, directeur de recherche CNRS, centre Émotion, La Pitié-Salpêtrière.
-Avec les personnes typiques, à peu près la moitié du temps, chacun est modèle et chacun est imitateur.
Ici, on voit de grandes disparités.
Soit la personne avec Asperger imite à peu près tout le temps, soit elle propose des mouvements à peu près tout le temps, sans quasiment jamais imiter l'autre.
Cette asymétrie est en faveur d'un choix pour imiter l'autre.
Par conséquent, ça va à l'encontre de l'idée classique selon laquelle les personnes autistes n'imitent pas.
Guillaume Dumas, neuroscientifique.
-L'essai est terminé, vous pouvez vous reposer.
Réalisation :
Valeria Lumbroso
Production :
Universcience, Flair Production, Arapi
Année de production :
2014
Durée :
4min04
Accessibilité :
sous-titres français