Josef Schovanec, philosophe et écrivain.
-Lors d'un entretien d'embauche, vous êtes évalué sur différentes choses, mais pas sur les choses réellement pertinentes pour l'emploi en question.
Vous êtes évalué sur votre façon de dire bonjour, de serrer la main, d'être habillé.
Ça, les gens autistes ne savent pas faire.
Savoir se vendre, comme on dit, les gens autistes ne savent pas faire.
Le problème, c'est que même si vous coachez une personne autiste, il ou elle fera des progrès, nous sommes d'accord, mais jamais il n'attendra le niveau de virtuosité des gens non autistes ou des politicards, qui sont particulièrement vicieux dans cet art, j'allais dire, de tromper son monde.
Pardon, je n'ai rien dit.
Mais les gens autistes ne savent pas faire ça, mentir les yeux dans les yeux, le cas échéant, etc.
Ce n'est pas évident.
Donc, la personne autiste sera exclue de l'emploi.
Il faudra donc imaginer une procédure de recrutement différente.
Il y a des emplois où les compétences requises cadrent avec le profil de telle ou telle personne autiste.
Pour donner un exemple bien connu de boulot comme ça, c'est le boulot de Bill Gates.
Bill Gates est concerné par l'autisme, il le dit lui-même publiquement, ce n'est pas un secret.
Mais globalement, je ne pense pas qu'on puisse faire une petite liste de boulots qui acceptent des gens autistes, les autres ne les acceptant pas.
Je pense que la plupart des métiers peuvent être ouverts aux gens autistes.
Vous savez, finalement, dans chaque type de métier, on a besoin, à un niveau ou à un autre, de compétences plus ou moins liées à l'autisme.
Je vais vous donner un exemple volontairement provocateur, la haute couture.
En apparence, si on se fie juste au cliché, la haute couture n'est pas un milieu pour les autistes, sauf que, quand vous êtes en train de coudre et de faire un vêtement, c'est tout un métier hautement technique qui demande des compétences extrêmement spécialisées, compétences non seulement théoriques mais aussi pratiques, savoir distinguer les différentes teintes de couleurs, il faut avoir un œil très sensible à toutes ces choses.
Donc, bilan des courses, si j'ose dire, je connais une amie avec autisme qui travaillait dans la haute couture.
Il y a des métiers où les gens non autistes finissent par se lasser.
Ce sont souvent, par exemple, des métiers répétitifs ou des métiers qui exigent une très grande vigilance ou précision.
Ça use les nerfs et les gens non autistes recherchent plutôt le pouvoir et l'argent.
"Devenez leader !"
Allez dans n'importe quelle librairie, regardez dans le rayon "Management", le nombre incalculable de livres "Devenez leader", "Soyez grand chef d'entreprise".
Mais quand on ne veut pas devenir leader, on fait quoi ?
Et donc, il y a des métiers qui ne vous permettent pas d'être leader en quelque sorte.
Ces métiers-là peuvent être intéressants pour des gens autistes.
Par exemple, les métiers liés à l'informatique, réparer des ordinateurs, ça peut devenir lassant pour beaucoup de gens non autistes, pour des gens autistes, ça peut être fantastique.