Durant ma scolarité, un professeur affirma que le cercle parfait n’existait pas dans la nature. Son ton était résolument désabusé, si tragique !
Moi qui étais perfectionniste, cela a détruit à mes yeux l’enchantement du monde.
Mais reconverti en ingénieur photographe, je me suis mis à nouveau à rechercher le beau en toute chose. Et c’est ce souvenir d’enfance qui m’a donné l’idée de photographier une goutte d’huile.
D’habitude, on ne considère pas cela très ragoûtant, mais regardez de près une vinaigrette, l’huile n’étant pas miscible avec l’eau, elle forme de minuscules petites taches bien rondes.
Dans une casserole d’émail blanc remplie d’eau, je dépose avec une paille de l’huile à la surface. Très lentement, pour qu’il ne se forme qu’une seule goutte.
L’huile, qui est hydrophobe, ne veut pas se mélanger à l’eau du vinaigre. Elle cherche donc à minimiser la surface en contact avec l’eau : la solution est bien évidemment un cercle. Et en raison de sa densité plus faible, elle flotte en formant une lentille semblable à une loupe.
En ajustant l’éclairage, et le niveau de l’eau, nous pouvons grossir l’ombre de la goutte sur le fond de la casserole. Et nous apercevons d’un coup qu’un jour nouveau semble se lever sur une sphère parfaite.
Et alors ?
C’est comme si nous projetions sans cesse nos croyances sur la route de nos actions. Ce cercle est-il parfait ou non ? le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? Mais s’affranchir du besoin de juger nous fait prendre conscience que le simple fait que les choses existent est déjà merveilleux. Retrouver notre regard d’enfant réveille en nous un salutaire utopisme.
Et vous, qu’imaginez-vous ?