« Des vaisseaux marins » Voix off : Les algues constituent une part très importante de la biodiversité marine. Ce sont des organismes qui ont la particularité d’être flexibles et malléables tout en étant compacts et solides. Ces propriétés sont dues à leur composition moléculaire particulière constituée de longues chaines de molécules qu’on appelle des polysaccharides. Ces polysaccharides marins sont biocompatibles, ils pourraient donc servir de matériaux de substitution pour le corps humain. Chercheur : Alors, le but de nos recherches, c’est essayer de trouver une solution aux vaisseaux sanguins, donc aux veines et aux artères pour des remplacements lorsqu’il y a des pathologies cardio-vasculaires. Donc, on sait très bien faire aujourd’hui des gros vaisseaux, mais pas des petits ou de moyens vaisseaux donc on s’est spécialisés là-dessus. La difficulté principale, c’est que lorsqu’on va implanter ce vaisseau dans le corps humain, il va subir des variations de pression. Donc ce vaisseau doit encaisser, pour parler simplement, ces variations de pression. Donc il doit pouvoir s’étirer sans éclater. On a beaucoup travaillé sur les plantes et les animaux terrestres pour trouver des propriétés ou des médicaments. Et on s’est dit quand même que l’océan était une partie immense de notre terre et qu’il y avait certainement des éléments intéressants à aller chercher, donc dans les algues marines et dans les animaux marins. Parmi les polyssacharides que l’on a trouvés, on a l’alginate, le carraghénane, la chitine. Ce sont des épaississants, des gélifiants. Et donc nous, chimiquement, on va pouvoir utiliser ces propriétés de gélification pour former des vaisseaux artificiels. Donc nous prenons les polyssacharides, nous les sobulisons, nous les transformons en hydrogel pour avoir un aspect un peu plus visqueux. Ensuite, nous utilisons des moules pour pouvoir former ces hydrogels en forme d’un vaisseau. Nous les séchons. Et ensuite, nous les réhydratons et nous étudions leur élasticité. Voix off : Ces vaisseaux artificiels ont des caractéristiques uniques de souplesse et de résistance grâce aux propriétés de flexibilité, de malléabilité et de solidité des polysaccharides marins qui les composent. Chercheur : Ces vaisseaux artificiels doivent être déjà biocompatibles pour pouvoir être mis dans le corps humain sans générer de réactions de rejet et avoir cette capacité à pouvoir s’étirer en fonction des variations de pression pour ne pas exploser et aussi permettre au sang de circuler sans faire de caillot et surtout de ne pas fuir parce qu’il va falloir les connecter aux vaisseaux existants. Pour valider la fonctionnalité de notre futur vaisseau artificiel sanguin, nous allons faire un modèle animal. Lorsqu’on implante notre vaisseau dans le rat, en lieu et place de la partie de l’aorte qu’on a enlevée, c’est un biomatériau qui n’a rien à voir avec la structure d’une artère qui est faite de plusieurs tuniques et notamment de cellules endothéliales. La structure de notre vaisseau est telle qu’il y a de la porosité. Cette porosité, des petits trous, vont permettent aux cellules du rat de coloniser ce matériau et au cours du temps de le transformer en un véritable vaisseau sanguin. Les pathologies que nous souhaitons traiter avec ses vaisseaux sanguins artificiels sont bien entendu les pathologies cardio-vasculaires. Lorsque les personnes font des thrombis, c’est à dire une obstruction de leur artère ou vaisseaux, plutôt que prélever des veines ou des artères pour remplacer ces vaisseaux malades, nous utiliserons nos vaisseaux artificiels. Sur les trois quarts des vaisseaux que nous avons implantés, tous les animaux ont survécu. La nature a encore plein de choses à nous apporter. On en est encore qu’au tout début de l’étude des plantes aquatiques et des animaux aquatiques. Voix off : Les polysaccharides issus des algues et des animaux marins constituent des matériaux nouveaux. Ils peuvent aussi servir à réaliser des nanoparticules afin de mieux traiter les maladies cardio-vasculaires. Nous avons bonne espoir d’apprendre de multiples choses pour soigner les futurs malades. Les polyssacharides que nous utilisons issues des algues marines et des animaux marins, ont été clairement identifié dans mon propos, comme des éléments pour faire des vaisseaux sanguins artificiels. Mais ils ont d’autres fonctions, nous utilisons aussi, par exemple, pour recouvrir des nano particules, voir même pour fabriquer des nano particules entièrement pour aller traiter des maladies cardio vasculaires pour les imager. Donc ca ne s’arrête pas seulement à des matériaux de construction pour faire des vaisseaux sanguins. Ils ont pleins d’autres propriétés biologiques nous utilisons dans le cadre des maladies cardio vasculaires.
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2016
Durée :
4min31
Accessibilité :
sous-titres français