Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses.
Le jour est paresseux mais la nuit est active.
Paul Éluard
Décomposition, putréfaction, dégradation, les mots qui accompagnent la pourriture sont sans appel : elle nous répugne. Et pourtant, si on prend la peine de l'observer, elle peut être belle, elle peut être fascinante et quoi qu'on en pense, elle est indispensable. Sans elle, sans les millénaires d’activité incessante de ses microorganismes, ces êtres vivants si petits en taille et si grands en nombre que sont les bactéries, les moisissures, les levures et les animaux microscopiques, toute autre forme de vie serait impossible.
Les micro-organismes amateurs de pourriture, en consommant les déchets organiques, ont pris une grande part dans la formation de la couche de terre humide et sombre qui couvre la plupart des continents. Ces petits êtres, étranges et inquiétants de notre point de vue, nous les abritons à l’intérieur de notre propre corps. Nous les respirons, nous les ingérons. Nous vivons avec eux, à notre insu, en étroite collaboration.
Le travail de recyclage, qu’ils accomplissent est indispensable à la vie.
C’est même à certains d’entre eux que nous devons nos plaisirs gustatifs les plus raffinés : les fromages les plus savoureux, la viande la plus tendre et la plus goûteuse ; le pain, le vin ou la bière sont habités par des bactéries, des moisissures et des levures habilement dirigées par l’homme à son profit depuis des temps immémoriaux.
Mais qui pense à la pourriture ? Qui la regarde de près ? La beauté ne se donne pas toujours à voir immédiatement. Elle se cache parfois dans la banalité, ou même dans la laideur, avant de nous émouvoir.
Réalisation :
Geneviève Anhoury
Production :
Ex Nihilo, CNRS Images, en association avec Universcience
Année de production :
2014
Durée :
3min10
Accessibilité :
sous-titres français