Miroslav Radman
Biologiste moléculaire Université René Descartes
-Il y a longtemps, dans les années 1955, 1956, un chercheur américain, D. Harman, a proposé que cette chimie du vieillissement soit de la corrosion.
C'est de l'oxydation, comme le beurre devient rance...
Tout, sauf le diamant, est sujet à l'oxydation.
Nous, on ne peut pas éviter l'oxydation, les bactéries non plus, car l'oxydation est une façon de produire de l'énergie.
On brûle les sucres à l'aide d'oxygène.
C'est pour ça que je dois respirer, pour prendre de l'oxygène.
Et on libère l'énergie chimique, en utilisant l'oxygène, par une corrosion forte.
Or la corrosion fait du dégât.
On a pu diminuer ou augmenter spécifiquement le niveau d'oxydation des molécules de travail, les protéines.
On a vu apparaître les caractéristiques, les phénotypes, comme disent les biologistes, du vieillissement, si on augmentait l'oxydation et du rajeunissement, si on diminuait le niveau d'oxydation des protéines.
Au cours de notre vie, quand on regarde le niveau de dégât oxydatif de nos protéines de la naissance jusqu'à 100 ans, il augmente aussi d'une façon exponentielle.
Certaines personnes se trouvent à gauche de la courbe, d'autres à droite.
Certains vieillissent plus vite, d'autres plus lentement, donc on a quelque chose aujourd'hui à mesurer, qui est en lien avec l'âge biologique, pas chronologique.
Je veux dire, mais c'est vrai, que si on met sur l'abscisse la longueur de la vie, donc pour le nématode, trois semaines, pour la souris, trois ans, pour nous, cent ans, et le niveau d'oxydation, on obtient la même courbe.
Donc le dégât oxydatif des protéines mesure l'âge biologique, qu'il soit de trois semaines ou de cent ans.