Antoine Flahault Épidémiologiste
-"Épidémie" vient du grec, de "epi" qui évoque quelque chose de brutal et "demios", la population.
C'est un phénomène brutal survenant dans la population.
Au début, on a utilisé le mot "épidémie" essentiellement pour les phénomènes brutaux de nature infectieuse.
On parlait d'une épidémie de peste ou de choléra, ce qui voulait dire qu'il y avait un grand nombre de cas dans un laps de temps limité et autour d'une localisation géographique bien circonscrite.
Ça, c'est une épidémie.
Aujourd'hui, le mot s'étend à des phénomènes qui ne sont pas infectieux.
On parle d'épidémie d'obésité.
C'est un peu exagéré parce qu'il n'y a pas de contagion, de chaîne de transmission, bien qu'on se soit rendu compte qu'il y a des familles où l'obésité était plus prévalente.
Donc il peut y avoir des phénomènes de société.
On parle d'une épidémie d'obésité parce qu'on s'aperçoit que le nombre augmente et la courbe de l'augmentation ressemble à celle qu'on a pour des maladies infectieuses.
Voilà pour le mot "épidémie".
"Pandémie" vient encore du grec.
Le préfixe "pan" évoque la totalité.
"Pancreator", c'est le dieu tout-puissant.
La pandémie, c'est l'épidémie mais à l'échelle du monde.
Tout à l'heure, c'était circonscrit géographiquement.
Là, c'est à l'échelle du monde.
On va parler des grandes pandémies, par exemple de peste, quand elles font le tour de la planète, ou de grippe.
On en a connu une en 2009, récemment, mais il y a eu la très grande pandémie assez terrifiante de la grippe espagnole en 1918, 1919.
Les pandémies, ce sont ces maladies qui vont envahir toute la planète.
On a parlé de la pandémie du Sida pour le VIH.
Aujourd'hui, on a des définitions mathématiques.
On arrive à fixer mathématiquement un seuil épidémique avec une théorie mathématique des épidémies, développée au XXe siècle, et qui est assez raffinée.
Elle permet, de façon assez précise, de définir l'épidémie.
La théorie mathématique nous apprend que, lorsqu'il y a plus d'un cas secondaire lié à un premier cas index, quand une personne contamine plus d'une personne, alors l'épidémie démarre.
Le seuil épidémique est défini lorsque vous contaminez plus d'une personne.
Pour prendre l'exemple de la grippe, une personne contamine à peu près 1,5 personne, entre 1,5 et 2 personnes.
Pour une flambée épidémique, il n'y a pas besoin que vous contaminiez, à vous tout seul, beaucoup de personnes.