MAI 68, la science s’affiche
Épisodes Scriptés
Épisode 6
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SCHUCH PRODUCTIONS PRÉSENTE
AVEC LE SOUTIENT DE L’INSERM
EN COPRODUCTION AVEC CNRS IMAGES
EN ASSOCIATION AVEC UNIVERSCIENCE
MAIS 68 LA SCIENCE S’AFFICHE
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Paul Bretécher
On voit que la psychiatrie a toujours, et quoi qu'on en dise, un double mandat : un mandat qui est quand même de garantir l'ordre social, et de l'autre, soigner. Tout l'enjeux c'est de faire passer un maximum son rôle du côté soignant et au minimum du côté de la répression.
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Boris Cyrulnik
Je suis un archéo-psychiatre, c'est-à-dire que que j'ai eu un diplôme d'avant Mai 68, où on apprenait rien. Rien du tout. Quand à la psychiatrie, elle existait pas. J'ai connu l'époque où il y avait de la paille dans les hôpitaux psychiatriques. Le matin, les gardiens enlevaient la paille avec la fourche, mettaient de la paille fraîche, faisaient rentrer les malades et passaient au pavillon suivant. Il n'y avait que des rapports de violence, de force, parce que la folie n'était pas pensée.
Et quand Mai 68 nous a donné la parole, et a donné la possibilité de poser le problème autrement, là j'ai commencé à me sentir chez moi.
Mai 68 a eu l'immense avantage de poser les questions; Bien sûr, pas d'apporter les réponses.
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Archives : discussion à la TV
“-Tous les édifices de savoir se sont cassés la gueule magnifiquement au mois de mai, l était fatal que l'édifice de savoir sur le malade mental se casse la gueule lui aussi !
-ce que l'on nous a fait comprendre de plus en plus, et surtout au mois de mai, c'est que notre science la science psychiatrique était essentiellement idéologique !”
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Paul Bretécher
Quand j'arrive en fac de médecine, par les réseaux militants, se développait toute une réflexion sur la relation médecin-malade, sa nature, le contexte dans lequel on exerce la médecine. On discute Lacan, on discute Freud, on discute Foucault…
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Boris Cyrulnik
Michel Foucault a marqué l'histoire de la psychiatrie. C'est-à-dire que il s'opposait à une psychiatrie policière, une psychiatrie qui n'avait pour fonction que le renfermement, mais pas les soins.
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Archives : voix off de Michel Foucault
En principe dans un hôpital, ne devraient s'exercer que des rapports de connaissance. Et en fait, ces rapports de connaissances sont entièrement sous-tendues par des rapports de pouvoir !
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Paul Bretécher
Dès mes premières prises de fonction dans un hôpital au nord de Nantes, on peut y constater encore à ce moment-là, mes copains et moi, que le poids de structures asilaires c'est encore énorme et c'st là où on est encore amenés à s'occuper de gens qui avaient passé quasiment depuis leur petite enfance toute leur vie en cellule.
Dans ces années 70, des pratiques qui pouvaient être plutôt marginales vont quand même être prises beaucoup plus en considération. Un endroit comme la clinique de Laborde, c'est un endroit où vont affluer beaucoup de stagiaires, beaucoup de gens qui veulent s'y former. Et qui vont essaimer après ailleurs.
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Archives : voix off d'un reportage
"Un lieu où le malade mental est respecté et participe à la vie de la collectivité."
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Paul Bretécher
Donc un mouvement, qui était au départ un peu limité, va un peu proliférer. Et en venant travailler en région parisienne, je vais travailler dans un service qui était marqué par ce qu'on appelai la psycho-thérapie institutionnelle, qui prend, pour aller très très vite, comme parti que pour soigner une personne, il faut prendre en compte la personne dans son intégralité, ce qui veut dire aussi dans son environnement.
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Archives : extrait d'un reportage
"Dehors, c'est pas du tout la même vie. Ici on arrive à communiquer plus facilement et l'angoisse disparaît.
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Paul Bretécher
Je pense que ça n'a pas eu lieu partout. Ça a eu lieu là où se sont investit des soignants, depuis les infirmiers, les psychologues, éducateurs, psychiatres, etc, qui étaient pris par cette fibre militante. Il y avait ce soucis d'en arrêter avec la maltraitance des personnes habitées par la folie. Pour les gens de ma génération, c'est… C'était une évidence.
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