« Des Ours bien musclés » Voix off : Cet ours brun, qui sort de sa période d’hibernation, vient de vivre entre 5 à 7 mois dans un état inactif passant son temps à dormir, sans manger, sans boire, ni déféquer ou uriner. Même s’il a un peu maigri, on constate pourtant qu’il est en pleine forme. Il a en effet très peu perdu de muscles. Comment est-ce possible ? Découvrir par quels mécanismes l’ours réussit à ne pas perdre de muscles représente une nouvelle avancée pour la médecine et pour l’homme. Chercheur : Chez l’ours la perte de masse musculaire est très faible. Au bout d’un mois on observe une perte d’environ 20 % et ce qui est le plus remarquable, c’est qu’on bout de 4 mois d’inactivité cette perte n’a pas évoluée, elle est toujours de 20%. Si on prenait par comparaison l’homme, par exemple, la perte serait plutôt de 10% au bout d’un mois, 30% au bout de deux mois et beaucoup plus ensuite. L’ours lui pour évoluer et pour survivre il a dû régulièrement hiberné donc il a développé les mécanismes qui lui permettent de résister à ces longues périodes d’inactivité et notamment du point de vue de l’épargne de ses protéines musculaires. Les ours bruns de scandinavie sont régulièrement suivis depuis plus vingt ans par des équipes vétérinaires scandinaves qui nous donnent accès à des prélèvements musculaires et de tissus adipeux qu’on peut ensuite ramener au labo pour les examiner plus en détail. Notre approche est pluridisciplinaire dans le sens où on fait appel à plusieurs domaines scientifiques. Bien sûr, la physiologie pour comprendre les mécanismes par lesquels l’ours est capable de résister à ces longues périodes d’inactivités mais aussi des outils de la chimie analytique qu’on appelle ici la protéomique qui nous permettent d’aller explorer en détail le contenu des muscles que nous prélevons chez les ours. Donc on est capable par la protéomique d’aller identifier mais aussi d’aller observer la structure très finement de ces protéines et on est aussi capables de les quantifier Voix off : Les chercheurs ont comparé l’état actif et l’état inactif de l’ours. Ils ont réussi à cartographier l’ensemble des protéines en jeu grâce à un spectromètre de masse qui génère des centaines de milliers de résultats analysés par des algorithmes conçus dans ce laboratoire. Chercheur : Bien sûr la comparaison s’effectue entre l’ours actif et inactif mais on va également comparé les effets de l’inactivité chez d’autres modèles, par exemple, l’homme avec des volontaires qui vont rester alités plusieurs semaines voire plusieurs mois et chez lesquels on va faire les mêmes analyses. Avec une équipe lyonnaise, on a émis l’hypothèse de facteurs dans le sang de l’ours qui pourraient circuler et qui pourraient piloter ces mécanismes d’épargne des protéines musculaires et nous sommes en train d’isoler, d’identifier ces molécules, ces facteurs anti-atrophiques. Les résultats qu’on pourrait obtenir chez l’ours peuvent être d’importance majeure puisque l’atrophie musculaire est aujourd’hui parmi les quatre première causes de mortalité dans le monde du fait de comportement sédentaire qui préside dans nos sociétés modernes. L’atrophie musculaire est également encore rencontré dans le cas de certaines maladies comme certains cancers ou encore le sida mais on la retrouve aussi chez des personnes qui seraient immobiliésées dans un hôpital et alités sur de très longues périodes. Les protéines représentent prés de la moitié de notre organisme. C’est environ 40% d’un organisme chez l’homme. Les protéines sont présentes bien spur dans les muscles mais elles sont présentes aussi dans un organe aussi important que le foie et ensuite tous les autres organismes en contiennent. C’est elles qui permettent aux cellules de prospérer. A terme nous espérons stopper une atrophie musculaire rencontrée dans une pathologie humaine ou par exemple tout simplement chez la personne âgée pour lui rendre un petit peu d’autonomie. La cerise sur le gâteau pourrait être de stimuler à nouveau la pousse de muscles atrophiés. Voix off : Depuis quelques années les animaux sauvages sont devenus de nouveaux modèles d’études avec des perspectives de découvertes étonnantes. La préservation de ces espèces et de leur milieu naturel est donc fondamentale.
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2015
Durée :
4min29
Accessibilité :
sous-titres français