Bonjour et bienvenue à la Cité des sciences et de l’industrie pour ce nouveau numéro du journal des sciences. Au sommaire cette semaine : la sonde Hayabusa 2 qui approche de sa cible, les plus anciennes formes de vie complexes de la planète, les polluants atmosphériques vus de l'espace, et le sort des orangs outangs.
La résilience des orangs-outans
Les orangs outans sont menacés d’extinction. Pourtant une nouvelle étude publiée par une équipe internationale met en évidence la capacité d’adaptation de ce grand singe, et ce, depuis des milliers d’années.
Grâce à l’examen complet d’un ensemble d’éléments fossiles, mais aussi génétiques et comportementaux, une équipe internationale a pu évaluer tout ce qui a pu affecter le primate au cours des 70 000 dernières années. L’idée ? Mieux comprendre comment les orangs-outans peuvent résister aux aléas de toute sorte.
Présents autrefois jusque dans le sud de la Chine et l’Asie du Sud-est continentale, l’orang-outan ne survit plus qu’à Sumatra et Bornéo. Principale raison de ce déclin : le changement climatique, mais surtout la chasse. Les innovations techniques réalisées par les humains il y a environ 20 000 ans – notamment la création d’armes à projectiles – ont joué un rôle majeur. L’orang-outan se reproduisant très lentement, sa population a baissé de façon drastique durant cette période. Une réalité toujours d’actualité.
D’un point de vue comportemental, les résultats remettent en question certaines « croyances ». Les scientifiques ont longtemps pensé par exemple que les orangs-outans étaient principalement arboricoles. Des pièges photographiques installés dans la forêt ont montré qu’il n’en était rien. Dans certaines zones, les primates marchent aussi sur le sol.
Autre certitude contredite : ces primates auraient besoin d’habitats vierges pour survivre.
Or, certains orangs-outans vivant actuellement dans des environnements dominés par l’homme, tels que les plantations de palmiers à huile, ont su adapter leur comportement à cet environnement.
À cause d’idées préconçues, des stratégies de conservation, intégrant par exemple les habitats endommagés ou modifiés par l’homme, ont été négligées. Si elles l’avaient été beaucoup plus tôt, des milliers d’orangs-outans auraient pu être sauvés, estiment les experts. Cependant, l'espoir demeure.
Hayabusa 2 en approche
La sonde japonaise Hayabusa2 est maintenant à moins de 40 km de l’astéroïde Ryugu. A l’automne, la sonde devrait récupérer des échantillons du sol de cet astéroïde. Explications.
C’est un été actif qui se prépare pour la sonde japonaise Hayabusa 2. Lancé en décembre 2014, l’engin de 600 kg est arrivé à proximité de sa cible, l’astéroïde Ryugu, dont il se trouvait à moins de 40 km le 24 juin.
À partir de début juillet et jusqu’à décembre 2019, Hayabusa 2 va étudier sous toutes les coutures l’astéroïde. Celui-ci est de forme prismatique et mesure environ un kilomètre de diamètre. C’est un astéroïde de type carboné, contrairement à celui étudié par la première sonde Hayabusa en 2005 qui était de type silicaté.
Hayabusa 2 devrait au printemps prochain déposer de petits robots autonomes sur le sol de Ryugu, ainsi qu’un atterrisseur conçu par l’Allemagne et la France, chargé d’étudier et de photographier la surface de l’astéroïde.
Fin 2019, la sonde devrait récupérer des échantillons du sol et les ramener vers la Terre où ils arriveront en décembre 2020.
Grâce aux deux missions Hayabusa, notre connaissance des astéroïdes devrait largement progresser.
Faune Édiacarienne
Alors que les premières formes de vie sur Terre étaient microscopiques, une faune étrange est apparue dans les océans de la planète, il y a 630 millions d'années. Vie animale ou végétale, la question reste posée, mais ce qui est sûr c'est que certains spécimens mesuraient jusqu'à deux mètres de long et que l'on sait désormais pourquoi. Regardez.
Ce fossile en forme de fougère date de la période de l’Édiacarien. Un tournant critique dans l’histoire de la vie sur Terre qui a vu apparaitre les premiers organismes de grande taille, biologiquement complexes, après presque trois milliards d’années d’évolution dominée par les micro-organismes.
Leur histoire débute il y a 680 millions d'années et ils disparaitront quelques millions d'années plus tard, sans raison connue et sans laisser de descendance.
Les fossiles retrouvées un peu partout sur la planète témoignent d'une grande diversité de taille et de formes.
C'est sur les falaises de la réserve de Mistaken Point, sur l'île de Terre-Neuve au Canada, qu'affleurent les plus grands fossiles de cette période. En mesurant leurs tailles au laser, en observant leur disposition et leur répartition, Emily Mitchelle et son équipe de l'université de Cambridge, pensent avoir élucider le mystère de leur grande taille.
A cette époque les océans étaient très riches en nutriment et les prédateurs étaient inexistants. Être grand n'était donc pas un avantage compétitif pour se nourrir et se défendre, mais simplement, selon elle, le meilleur moyen de coloniser l'environnement.
Il n'en reste pas moins que ces écosystèmes florissants conservent encore bien des mystères : s'agissait-il d'animaux, de plantes, d'organismes intermédiaires ou d'une forme de vie éteinte ne ressemblant à aucun organisme vivant connu, une sorte d'« expérience manquée » de la vie multicellulaire... L'énigme reste entière...
Sentinelle de la pollution
Vus depuis l’espace, certains pays se démarquent nettement du reste du monde… c’est en tous cas ce que nous dévoile un satellite européen du programme Copernicus. Véritable sentinelle des polluants atmosphériques, il nous montre pour la première fois le visage de notre planète envahie par un gaz que nous connaissons bien : le formaldéhyde.
A peine lancé, le satellite Sentinelle 5P, le dernier né des satellites européen de surveillance du climat et de la pollution, nous révèle en seulement quelques mois et avec une résolution inégalée que l’atmosphère qui surplombe l’Inde, une partie de l’Asie du sud ou encore l’Afrique centrale est fortement polluée au formaldéhyde.
Le formaldéhyde, ou méthanal, est un composé organique que nous côtoyons malheureusement au quotidien. Présent naturellement dans la fumée des feux de forêts, il y en a aussi dans la fumée de cigarette, dans diverses colles, résines et vernis, et dans les gaz d’échappement. C’est aussi l’ingrédient principal du formol, le liquide utilisé pour conserver les organes. Dans l’atmosphère, il se mélangent avec d’autres polluants sous l’action du soleil, produisant alors de l'ozone troposphérique, un irritant respiratoire grave.
Le satellite de Copernicus ne peut pas distinguer la part de formaldéhyde naturelle de celle issue de la pollution humaine. Mais les scientifiques supposent que les fortes concentrations observées sont provoquées par l’exploitation du charbon, l’utilisation de bois pour la cuisson et le chauffage, ou encore et par les incendies agricoles ou de foret.
Actif depuis moins d’un an, Sentinel 5P a la capacité de traquer de nombreux autres indicateurs de la qualité de l’air. Tout récemment, il a pu témoigner par exemple des émanations de dioxyde de soufre lors de l’éruption mortelle du volcan de Fuego au Guatemala.
Adios
Ce journal est maintenant terminé. Nous nous retrouverons à la rentrée pour de nouvelles actualités scientifiques. D'ici là, bon été à tous.