Au fil de son histoire, l'humanité va découvrir et étudier plus de 5 600 minéraux. Utilisés peu à peu dans tous les domaines de la société, ils deviennent indispensables à son fonctionnement. Avec eux, on construit, on soigne, on développe de nouvelles matières et objets. On détruit aussi. La plupart sont désormais invisibles, dissimulés au coeur de technologies nouvelles, qui ne cessent de repousser les limites de la science et de l'entendement. En 1787, un minéralogiste amateur suédois, Carl Axel Arrhenius, découvre un nouveau minéral à Ytterby, un petit village près de Stockholm. Après cent ans de recherches et de controverses scientifiques, les chimistes isolent de cette terre de nombreux éléments nouveaux comme l'ytterbium, l'yttrium, le terbium. Ces éléments, au nombre de 17, constituent aujourd'hui la famille des terres rares. Il faudra attendre un siècle de plus pour comprendre comment les utiliser. En étudiant les terres rares, les scientifiques découvrent qu'elles sont dotées de propriétés exceptionnelles. Electromagnétiques, électroluminescentes, elles résistent à la corrosion tout comme aux chocs thermiques et mécaniques. Grâce à cette découverte, le monde bascule dans une nouvelle ère. Les terres rares deviennent indissociables des technologies modernes. Sans elles, pas de téléphones portables, d'ordinateurs, d'objets numériques de toutes sortes ou de conquête spatiale. Comme d'autres métaux, elles sont aussi au coeur de la transition énergétique : éoliennes, panneaux photovoltaïques, véhicules électriques. Un paradoxe, au regard de leur coût écologique. Contrairement à ce que leur nom indique, les terres rares sont en fait assez répandues dans la croûte terrestre, mais très faiblement concentrées dans les minerais. Leur extraction est extrêmement complexe, énergivore et souvent très polluante : il faut les raffiner avec de nombreux produits toxiques. Ces techniques défigurent les paysages de la Mongolie intérieure et les sols de la Chine, qui détient le quasi-monopole de leur exploitation. En quelques dizaines d'années, les terres rares sont devenues l'un des enjeux économiques majeurs de notre monde, à l'instar d'autres minéraux, dits critiques, dont l'extraction favorise le développement des nouvelles technologies. Il faut réunir plus de 40 métaux et terres rares pour fabriquer un téléphone portable, ce qui revient à prélever environ 180 kg de matière première pour un smartphone de 150 g. Alors que les gisements se raréfient, l'accès et le contrôle de ces ressources deviennent de plus en plus problématiques. Découvert au XIXe siècle par Anders Gustaf Ekeberg, le tantale fait partie de ces métaux critiques. En 1802, il n'a absolument aucune utilité. Aujourd'hui, il est au centre de batailles géopolitiques. Le tantale est nécessaire pour fabriquer des condensateurs et des composants électroniques. C'est l'un des maillons essentiels de nos téléphones portables et ordinateurs. Il est un des piliers du nouveau monde, celui du numérique et de la communication. Le minerai du tantale est appelé coltan. Les plus grandes ressources mondiales se trouvent au sommet des montagnes de la République démocratique du Congo, au Kivu. Ici, des vallées entières vivent de l'exploitation des minerais. Il faut creuser à la pioche et à la pelle les parois rocheuses pour atteindre le sable où se logent les précieuses ressources. Le coltan est directement lié à l'un des conflits les plus meurtriers depuis la fin de la Seconde Guerre, plus de 5 millions de victimes. Des milices armées locales, souvent au service d'intérêts privés, s'affrontent pour le contrôle des régions minières du Kivu. Prise d'assaut par la contrebande et la mafia, l'extraction illégale du coltan, baptisé le minerai du sang, continue chaque jour de faire des victimes.
Réalisation :
Théo Jollet , Thomas Trichet , Martin Maire
Production :
Les Films Invisibles, Arte G.E.I.E., en partenariat avec Universcience
Année de production :
2024
Durée :
7min32
Accessibilité :
sous-titres français