Ces quelques grammes de roches d’apparence anodine pourraient nous aider à mieux comprendre l’origine de la vie sur Terre. Prélevés par une sonde à la surface de l’astéroïde Bennu, ces précieux échantillons ont parcouru 300 millions de km avant d’arriver sur notre planète en septembre 2023.
Peu après leur arrivée, les scientifiques confirmaient déjà la présence de cristaux d’eau et de carbone. Deux éléments essentiels à la vie.
Un an plus tard, de nouvelles découvertes font la Une de la revue Nature. Un premier article dévoile que Bennu contient 14 des 20 acides aminés nécessaires à l’apparition de la vie, ainsi que les 5 bases azotées présentes dans l'ADN et l'ARN. De plus, des quantités significatives d'ammoniac ont été détectées, un composé-clé pour la formation de molécules organiques.
Par ailleurs, un deuxième article publié le même jour annonce la découverte de plusieurs types de sels minéraux[1] sur Bennu. Jamais observés auparavant dans des échantillons extraterrestres, ces composés inorganiques résulteraient de l’évaporation de poches d’eau autrefois contenues dans l’astre dont Bennu est issu. Ce « parent », formé il y a environ 4,5 milliards d’années, aurait donc déjà possédé des sels minéraux, eux aussi essentiels à la vie.
Sels, molécules organiques et ammoniac, donc ! Si ces découvertes ne prouvent pas l'existence d’une forme de vie sur Bennu, elles suggèrent que les conditions nécessaires à son apparition existaient déjà dans le jeune Système solaire. Et que la vie sur Terre a peut-être bénéficié d’un apport extraterrestre.
Cependant, une question demeure : de nombreux acides aminés existent en "version miroir", à la manière d'une main droite et d'une main gauche. Si Bennu présente les deux formes en quantités égales, sur Terre, seule la version "gauche" est présente. Pourquoi cette forme a-t-elle été privilégiée sur notre planète ? Cette énigme persiste, et chaque réponse semble ouvrir la voie à de nouvelles interrogations.